Il pourrait sembler étrange, à qui s’intéresse de loin aux élaborations récentes de notre champ, qu’un numéro entier de l’Hebdo Blog soit consacré à cette catégorie, que nous ayons choisi même de faire figurer un tel signifiant dans le titre de cette nouvelle livraison : la psychose. Quoi, à l’heure du tout dernier Lacan, de la clinique continuiste ainsi que du sinthome, ressortir cette antique étiquette psychiatrique et discriminante, voire discriminatoire, alors que, c’est bien connu, « tout le monde délire »?
Quotidiennement pourtant, entre ou en dehors des murs de l’institution ou de nos cabinets, se donnent à voir les multiples visages de ce nouage particulier des différents registres qui font l’expérience humaine, qu’il soit extraordinaire ou ordinaire : délire structuré qui tient en vie un sujet ou chute brusque d’un idéal qui plonge dans l’effarement et l’incompréhension un autre, psychose compensée, décompensée, ou en cours de re-compensation, c’est toujours une articulation du Réel, du Symbolique et de l’Imaginaire précaire qui se révèle, où est forclos un signifiant clef-de-voûte.
On voit combien cela n’invalide en rien la perspective de la forclusion généralisée : car même si c’est bien pour chacun d’entre nous que manque le signifiant ultime, il est des nouages plus fragiles que d’autres, des solutions moins précaires dans la rencontre avec le réel auquel l’être parlant à faire.
Nul clinicien donc sans ce repérage précis que les auteurs de ce numéro contribuent à étayer : non pour fondre la spécificité de nos patients dans des classifications visant leur maîtrise. Mais afin d’être à même, dans le transfert, d’orienter la construction ou reconstitution de solutions les plus propres à leur permettre de se tenir dans le monde, dans ce travail de tissage des signifiants qu’il s’agit chaque jour de mieux exercer.
Toutes les photos illustrant ce numéro ont été réalisées par le collectif Brest Brest Brest.