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Quel dire ?

Jean-Robert RABANEL est membre de la commission d’initiative de l’Institut de l’Enfant et, à ce titre, participe activement à la préparation de la 3e Journée de l’IE. Il nous propose ici quelques réflexions très précises sur l’interprétation avec « l’enfant aliéné ».

« Interpréter l’enfant »

Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux

21 MARS 2015

http://jie2015.wordpress.com

La 3e Journée de l’Institut de l’Enfant, avec ce titre proposé par Jacques-Alain Miller « Interpréter l’enfant », nous fait aborder l’interprétation analytique par un autre envers, cette fois, que le « Vous ne dites rien », par une communication d’un procédé. Le passage du texte d’orientation pour la journée de J.-A. Miller, relatif à la critique de l’hallucination par Lacan dans Le Séminaire VI, retiendra particulièrement l’intérêt de ceux qui recueillent les impacts primaires de lalangue sur le corps vivant des enfants aliénés. Il les conduira peut-être à souhaiter faire part de leurs inventions, dans des contributions pour le blog de la JIE, ou en proposant une intervention pour la Journée, propositions attendues pour le 22 décembre au plus tard.

Partons de l’isomorphisme structural entre l’inconscient et l’interprétation.

Cela fait correspondre autant de modalités de l’interprétation à autant de conceptions de l’inconscient, autant de sémantiques. Il y a deux sortes d’interprétations.

Il y a l’interprétation dans la névrose qui ajoute un signifiant venant de l’analyste comme grand Autre, ou il y a l’interprétation comme coupure qui provoque l’émergence de l’objet a.

Il y a l’interprétation dans la psychose où c’est l’invention du sujet qui guide l’analyste et l’amène à prolonger celle-ci.

Ainsi est-il possible d’interpréter l’enfant comme sujet de l’inconscient, comme objet de désir, comme objet pulsionnel, comme jouissance, comme parlêtre.

Comment cela se passe-t-il ? Il y a la rencontre qui fait émerger des signifiants. On accueille les signifiants de la rencontre. Puis il y a le transfert qui recouvre d’un voile l’objet de l’horreur. Vient ensuite le moment de l’interprétation, car l’enfant aliéné est un parlêtre que le surmoi relie à l’humanité, même si sa parole est réduite à son trognon[1], ce que Lacan complètera par : « Il y a quelque chose à leur dire. »[2]

J.-A. Miller a distingué le S1 tout seul du S1-S2 articulé, dans son Cours de 1987.

Le signifiant articulé vaut pour les significations qu’il produit, alors que le signifiant tout seul vaut pour les effets de jouissance dans le corps. Il reprend à son compte, en quelque sorte, les effets dévolus, précédemment, à l’objet a. Plus récemment encore cette considération du S1 tout seul sera dénommée, par J.-A. Miller : l’Un-corps pour autant que les effets de jouissance induits par le S1 tout seul nécessitent un corps.

Avec la notion de parlêtre, c’est d’abord la parole en tant qu’elle véhicule ou non le langage, ce qui permet de distinguer les structures cliniques : le schizophrène, dans sa parole, n’entraîne pas l’Autre, au contraire du paranoïaque qui entraîne l’Autre sans la clé de voûte de celui-ci : le Nom du Père.

Dans la névrose, il y a séparation du signifiant et de la jouissance, S1-S2. Dans la psychose, il y a coalescence du signifiant et de la jouissance = S1a ou S1 tout seul ayant des effets de jouissance dans le corps.

Quels traitements de la jouissance, quelles interprétations autres que l’interdit peuvent alors être envisagés ? Une satisfaction écornée ? Un échange symbolique de la parole hors sens ?

Cela commence par l’attraction par l’amour de la langue singulière d’un parlêtre, ensuite vient l’échange symbolique de la parole hors sens qui permet au partenaire symptôme d’apprendre lalangue du sujet. Les reprises des S1 tout seuls apparus en bout de chaîne, ou au moment de rupture de chaîne dans la psychose, alors que dans la névrose, ce qui apparaît aux points de rupture de la chaîne c’est le sujet divisé corrélé à petit a, sont autant de savoir-faire interprétatifs. Car si nous considérons l’interprétation comme dans la névrose, autant convenir que la psychanalyse est contre-indiquée dans la psychose.

Alors deux modes de traitement de la jouissance autres que l’interdit sont à prendre en compte : la soustraction de l’objet dans l’Autre dans la paranoïa, la soustraction dans la langue dans la schizophrénie.

Comment produire du symbolique ?

Comment introduire du semblant ?

En provoquant une sidération au niveau de l’image ?

En provoquant une perplexité dans le symbolique : phi 0 ?

Quel savoir-faire mettre en jeu pour critiquer l’hallucination de la bonne façon qui comporte le point de fuite du sens, mystère propre au discours analytique ?

Autant de questions qui feront débat entre les différentes façons d’interpréter l’enfant chez les psychanalystes, aujourd’hui.

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre I, Les écrits techniques de Freud, Paris, Seuil, 1975, p.119. [2] Lacan J., Conférence à Genève sur le symptôme, Bloc- Notes de la Psychanalyse, 1985.

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Une addiction silencieuse

Une addiction silencieuse

Derrière le discours actuel sur l’addiction réduite à un comportement pathologique, existe-t-il un sujet du désir et donc la possibilité d’un lien à l’Autre ? Aurélie Charpentier-Libert aborde cette question en l'introduisant par ce qu'elle extrait d'une conférence de Pierre-Gilles Guéguen à Buenos Aires.

« C’est à cela que la psychanalyse peut travailler avec le sujet toxicomane : parier sur le fait que l’objet qui est choisi ne sature pas toute la jouissance et aider à supporter, grâce à la chaîne de la parole, le plus de jouissance possible en s’appuyant sur les inventions signifiantes qui entoureront le trou. »[1]

La jouissance autiste du sujet dit addict

Jacques-Alain Miller pose la question de la demande du toxicomane à l’endroit de la psychanalyse ; il précise : « la toxicomanie présente un symptôme sur lequel les effets de vérité de la parole peuvent paraître sans prise, un symptôme, donc, qui oblige à disjoindre les structures de fiction de la vérité et un réel qui insiste »[2]. L’objet en cause dans la toxicomanie nous confronte donc à un réel que rien n’entame, sur lequel la parole n’a pas de prise. Cet objet « concerne moins le sujet de la parole que le sujet de la jouissance, en tant qu’il permet d’obtenir, sans passer par l’Autre, une jouissance »[3]. Si le sujet dit addict ne demande rien, c’est que son partenaire unique est l’objet drogue. Il se passe ainsi de l’Autre et court-circuite de ce fait la question sur le sexuel. La dimension autistique du symptôme[4] se dénude dans cette jouissance du toxique.

Cependant, bien que l’Autre se situe en dehors de cette jouissance Une, il ne peut en être complètement disjoint, comme nous l’observons dans le cas de S.

La loi du silence

S., que je rencontre lors de l’un de ses séjours en psychiatrie, m’explique que son plus jeune fils est décédé d’un accident, il y a cinq ans. Même si elle établit ainsi un lien direct entre la mort de son enfant et le début de ses hospitalisations, ce lien en question n’est pas dialectisé et vient empêcher tout questionnement. Pour elle, il n’y a rien d’autre à dire. Sa parole se referme sur ce jour funeste. « J’ai rien à dire » est le leitmotiv de nos entretiens.

Le décès de sa mère, quelques mois plus tard, provoque un premier changement dans sa prise de parole : « Ça m’a fait un choc, comme la mort de mon fils ». Je la questionne sur les circonstances de cet accident. Elle parle alors d’un premier « choc », quelques jours avant le drame, en apprenant que son mari avait une seconde épouse et un enfant de celle-ci. À la suite de ces deux événements, son monde s’écroule.

Elle demande le divorce et renonce à la garde des enfants. Elle entre alors progressivement dans un isolement et une déchéance totale qui témoignent de son effondrement subjectif.

Ainsi, à la mort de sa mère, elle sort un peu de son silence et commence à reconstituer des bribes de son histoire. Un trait d’identification à cette dernière se dégage alors : « Je suis comme ma mère, elle parlait pas beaucoup ». Garder le silence constitue même le conseil maternel fondamental. Ce que sa mère taisait, c’était la violence du père envers elle et ses enfants. S. a dès lors intégré cette position de femme maltraitée silencieuse.

Le toxique : réponse à la jouissance de l’Autre

La prise de toxique sera sa solution ravageante pour ignorer l’Autre du langage au moment où le sentiment de vie vacille pour elle. En effet, la sédation par une lourde consommation de somnifères, prescrits au moment du décès de son fils, participe à la maintenir vissée à cette loi parentale : ne rien dire. Elle veut « oublier et dormir » et vit dans l’anesthésie de son corps et de sa parole pendant cinq ans.

Ce qu’elle livre durant nos entretiens reste d’une très grande précarité, mais elle accepte de confier à un autre ce qu’elle tente de taire depuis des années. Ainsi, elle se déleste en partie de son identification mortifère à sa mère et par là-même de son addiction. Le lien à la parole qui se crée la pousse à céder un peu sur sa jouissance.

S. m’explique alors qu’adolescente, ce qu’elle taisait étaient les abus du frère aîné sur elle, sans quoi son père « l’aurait tué » selon elle. Se taire est la position adoptée depuis pour sauver sa peau face à l’Autre sans borne du sexuel qui se jouit d’elle dans le Réel. C’est cette position que vient renforcer le somnifère quand sa vie familiale disparaît.

Une oscillation entre désir et jouissance

Les appuis que S. commence à trouver auprès de l’Autre entament sa jouissance. En réponse à mes questions concernant ses enfants, elle s’est à nouveau peu à peu intéressée à chacun et peut accueillir leur demande. Le lien avec eux s’est rapidement renoué.

La disjonction entre la parole et le Réel en jeu s’atténue. Cependant, la position de S. oscille toujours entre son désir de retrouver une situation sociale dont elle soit fière pour ses fils, et l’attrait vers la jouissance où l’Autre n’existe pas. Cela au-delà du toxique même, dont les prises se font désormais plus rares.

La jouissance par le toxique venait répondre à cette position identificatoire, se taire. Le silence de la pulsion, auquel elle ne parvient pas à renoncer totalement, trouve un nouvel aménagement.

[1] Guéguen P.-G., « Toujours un par un, et souvent un tout seul », Conférence au TYA, Buenos Aires, le 21 avril 2012, traduit de l’espagnol par Jose Alberto Altamirano Valladares pour le site addicta.org [2] Miller J.- A., « Clôture », Le toxicomane et ses thérapeutes, Analytica, Paris, Navarin/Seuil, n°57, janvier 1989, p. 133. [3] Ibid., p. 134. [4] Miller J.- A., « La théorie du partenaire », Quarto, n°77, août 2002, p. 6-33.

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De « cette insondable décision de l’être »

Dans son écrit « Propos sur la causalité psychique » Lacan en vient à la causalité de la folie en ces termes : « Enfin je crois qu’à rejeter la causalité de la folie dans cette insondable décision de l’être où il comprend ou méconnaît sa libération, en ce piège du destin qui le trompe sur une liberté qu’il n’a point conquise, je ne formule rien d’autre que la loi de notre devenir, telle que l’exprime la formule antique : Γένοι᾽, οἷος ἐσσὶ. »[1]

On trouve cette formule célèbre dans les Pythiques de Pindare, sous une forme d’ailleurs légèrement différente « Γένοι᾽, οἷος ἐσσὶ μαθών » (Pythiques II, vers 72) « deviens ce que tu es, en l’apprenant » ; μαθών faisant référence à ce qui s’enseigne, aux mathèmes. Difficile de ne pas apposer à cette injonction présocratique, l’aphorisme de Freud « Wo Es war, soll Ich werden »[2], « là où s’était [...] c’est mon devoir que je vienne à être »[3].

Lacan reprend dans son texte une classique problématique philosophique où se nouent liberté, décision et causalité. On peut lire à cet égard deux ouvrages très éclairants de Martin Heidegger De l’essence de la liberté humaine. Introduction à la philosophie[4], et Schelling. Le traité de 1809 sur l’essence de la liberté humaine[5]. Le philosophe montre que la question métaphysique de la liberté de l’être, qualifiée à l’occasion de plus ou moins insondable est, depuis Kant, la source d’antinomies et de paradoxes, car il s’agit de concevoir, dans cette perspective philosophique, la volonté comme une sorte de causalité libre de tout Autre.

Heidegger montre que Schelling bute sur un réel, celui de l’acte, qui ne peut faire système[6], et Kant, quant à lui, sur la problématique d’une causalité de « l’action éthique » qui serait libérée du temps[7].

Dans « Kant avec Sade » Lacan montre de quoi il s’agit dans ces discours de la liberté[8], notamment avec cette célèbre maxime sadienne s’énonçant sous la forme : « j’ai le droit de jouir de ton corps peut me dire quiconque [...] »[9], « C’est donc bien l’Autre en tant que libre, c’est la liberté de l’Autre, que le discours du droit à la jouissance pose en sujet de son énonciation, et pas d’une façon qui diffère du Tu es qui s’évoque du fonds tuant de tout impératif »[10]. Le « quiconque » indexe en effet qu’il s’agit bien de la liberté de l’Autre et non de celle de celui qui l’énonce. Tout discours sur la liberté implique l’Autre de la parole comme lieu où celle-ci se dépose, par quoi se démasque la béance entre le sujet de l’énonciation et celui de l’énoncé. Et cette liberté, c’est ce que révèle l’expérience analytique, n’est autre que celle d’une volonté de jouissance, jouissance dont l’Autre serait le garant. C’est un paradoxe topologique qui tient à la structure même du signifiant S1 en tant qu’il commande[11]. Le surmoi comme impératif de jouissance, qui peut aller jusqu’au crime, se situe à ce niveau.

Dans son Séminaire « Les non-dupes errent » Lacan repense à nouveaux frais son nouage de la liberté et de la folie à l’aune de son nœud borroméen liant les trois dimensions du Réel, du Symbolique et de l'Imaginaire. Si l’une de ces dimensions lâche, les deux autres deviennent libres l’une de l’autre « c’est en ça que le bon cas consiste [...] c’est que quand une des dimensions vous claque pour une raison quelconque, vous devez devenir, vous devez devenir vraiment fou »[12].

C’est la question de la folie et des non-dupes qui s’ouvre ici, ainsi qu’une autre façon, nodale, de concevoir la causalité de celle-ci. Il s’agit, c’est ainsi que je l’entends, de repenser l’existence de l’être parlant à partir d’un trou dans le réel, insondable, celui de la non-inscription d’un rapport entre les deux sexes. Dans le nouage borroméen la liberté de jeu de l’un des trois registres rencontre alors une limite, celle précisément des deux autres.

L’insondable décision n’est plus dès lors, dans cette veine topologique, corrélée à la faille de l’Autre ou à une butée logique, mais s’appuie sur le réel du symptôme comme nœud ; une nouvelle éthique s’en déduit, que je formule ainsi : être dupe de son sinthome, y croire d’une certaine façon, pour ne point errer dans les dédales de l’indécision et de l’égarement dans la jouissance. Si bien que le choix impliqué par cette décision – être dupe du réel de la structure – reste un choix forcé, dans la mesure où le plus singulier y joue sa part de contingence.

[1] Lacan J., Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 177. [2] Freud, S., Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Gallimard, Paris, 1984, p. 110. [3] Lacan J., Écrits, op. cit., p. 417-418. [4] Heidegger M., De l’essence de la liberté humaine. Introduction à la philosophie, traduction E. Martineau, Paris, Gallimard, 1987. [5] Heidegger M., Schelling. Le traité de 1809 sur l’essence de la liberté humaine, traduction Jean-François Courtine, Paris, Gallimard, 1977. [6] Cf. Heidegger M., Schelling, op. cit., p. 54-55 et p. 91 & sq. [7] Cf. Heidegger M., De l’essence de la liberté humaine, op. cit., p. 182 & sq. [8] Discours que Lacan n’hésite pas à qualifier, dans une certaine perspective, de plus ou moins délirants dans Le Séminaire, livre III, Les Psychoses, Paris, Seuil, 1981, p. 150-151. [9] Lacan J., Écrits, op. cit., p. 768. [10] Lacan J., Écrits, op. cit., p. 771. [11] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 33. [12] Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 11 décembre 1973, inédit.

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Un nouveau rendez-vous

Philippe La Sagna et Rodolphe Adam proposent, à partir du lundi 8 décembre, et ce jusqu’en juin, un séminaire d’étude sur le texte des Écrits « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine », un rendez-vous par mois, à Bordeaux, rue du Hâ.

1958 est une année cruciale dans l’histoire de la psychanalyse. C’est l’année où Jones, président honoraire de l’IPA, meurt et c’est l’année où Lacan écrit plusieurs de ses textes fondamentaux : « La direction de la cure », « La signification du phallus » et « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine ». C’est ce dernier texte précurseur que nous mettrons à l’étude cette année ; sa brièveté nous permettra de revenir sur les données du « débat des années trente » sur la question de la féminité. Nous examinerons donc les textes de Deutsch, Horney, Klein et quelques autres. Ainsi que ceux qui firent matière au Congrès d’Amsterdam, en 1960, congrès dont le texte de Lacan était l’argument, et qui sont pour la plupart réunis dans la revue La psychanalyse n° 7. Il y a là des textes de Jones, Winnicott, mais aussi de Dolto, Granoff et Perrier. Lacan brise la glace où se trouvait prise, dans la psychanalyse, la question féminine. Et ce à une époque où la vie sexuelle des femmes, depuis, entre autres, Beauvoir et Kinsey, à la veille des années cinquante, faisait irruption dans la culture, juste avant Betty Friedan et sa « Femme mystifiée ». Mad men et Masters of sex nous donnent aujourd’hui une idée de l’atmosphère générale des relations des humains au sexe à cette époque. Loin du « phallocentrisme », dont il sera parfois taxé par la seconde vague du féminisme, après 68, Lacan dans ce texte, dix ans avant l’émergence du womens’lib en France, pose une femme comme hétéros. Autre pour elle-même, et donc, déjà au-delà du phallus. Ce texte préfigure les avancées futures sur la sexuation quantique que nous avions examinées lors de la lecture de « L’étourdit ».

En 1970, Lacan dans le « Liminaire » de Scilicet 2/3, évoquant un travail de Montrelay, pouvait dire que le problème de la sexualité était « resté bloqué depuis que Jones en eut fait pièce à Freud »[1].

Mais le Congrès d’Amsterdam précède aussi l’excommunication de Lacan, ce qui lui fait dire dans ce même texte : « Non sans que m’en revienne l’écho nostalgique de ce qu’un certain congrès d’Amsterdam pour quoi j’avais proposé ce sujet, y ait préféré de prendre le vent d’un fâcheux retour au bercail. »[2] Lacan, faisant pièce à une doctrine de la frustration maternelle comme alpha et oméga des complexes, mettait en avant la sexualité féminine à l’orée des sixties pour mieux penser les avatars du désir en général, celui de la mère y compris. Mais au-delà, la sexualité féminine pose surtout la question mystérieuse des rapports du corps et de la jouissance avec la parole, avec ce qui se dit et ne se dit pas.

[1] Lacan J., « Liminaire », Scilicet 2/3, Paris, Seuil, 1970, p. 6. [2] Ibid.

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