Sous le titre de « Fêtes et défaites du couple », le bureau de Nantes Saint-Nazaire a proposé une rencontre ouverte au public pour annoncer le thème des journées de l’École, et surtout s’enseigner de praticiens qui se confrontent tous les jours à la question du couple.
Il s’agissait moins de faire la lecture analytique des témoignages proposés que de dialoguer et d’interroger des praticiens sur leurs trouvailles, leurs difficultés et la réalité qu’ils rencontrent. Le principe fut de proposer deux conversations : l’une sur le couple et la contraception, la planification, l’IVG, et l’autre sur le couple et l’addiction.
La première réunissait une psychologue travaillant en centre de planification et un gynécologue obstétricien responsable de centre d’IVG et de planification, et la seconde un thérapeute familial et un médecin praticien hospitalier responsable d’un service d’addictologie.
Chacune fut préparée et animée par deux membres de l’ACF-VLB. La soirée fut parfois drôle (un des professionnels nous a lu théâtralement un extrait d’une pièce de Dario Fo), souvent passionnée et toujours très suivie. Interrogés par le public ou par les psychanalystes présents, les professionnels ont eu la simplicité et la franchise d’exposer leur manière de travailler et même de s’exposer. Nous avons constaté leur goût à jouer avec le carcan des bonnes pratiques et leur courage à s’avancer dans le champ incertain où leurs pratiques les conduisent.
Un médecin se rit des protocoles et des convenances universitaires pour saisir que le symptôme a une fonction dont il faut tenir compte pour tromper son évidence. Un thérapeute familial aperçoit que la famille n’est qu’un montage et que chacun doit jouer sa partition avec sa propre subjectivité. Une psychologue nous démontre ce que produit un vrai rapport à la parole quand elle ose s’affronter au réel en jeu – la plainte acharnée contre le partenaire n’était qu’une construction qui révélait sa propre souffrance. Un praticien remarquait l’extrême solitude des partenaires face à l’IVG – celle de la femme, la plus évidente, mais aussi celle moins connue du partenaire masculin, souvent refoulée de la scène médicale et renvoyée à la jouissance solitaire de son fantasme.
Les témoignages furent de fait divers, allant de la généralisation la plus couverte par le symptôme du praticien, à la singularité du cas. Nous avons appris que ces praticiens n’étaient pas dupes des apparences et qu’ils savaient jouer avec la fiction qui réunit les couples. Peut-être avons nous pu apercevoir que le réel en jeu, dont ils faisaient état, leur était souvent ignoré. En tous cas ils nous ont enseigné.
Nous n’avions nulle intention de préparer le thème des journées de l’École, mais d’orienter un plus large public vers leur importance.
Il apparait urgent de faire état sur la scène publique de ce que produit l’orientation lacanienne quand elle débat sur les points vifs de notre malaise contemporain.