C’est un numéro résolument politique que toute l’équipe de l’Hebdo Blog vous propose cette semaine, un numéro qui continue à creuser ce même sillon : la psychanalyse lacanienne ayant à se positionner fermement dans le concert dissonant des discours de l’époque, comment répond-elle pour incarner non un discours de plus mais un discours qui fasse la différence, un plus-de-discours en cela qu’il touche le corps des êtres parlants ?
Car la remise en cause de sa légitimité comme de son efficacité s’entend plus particulièrement aujourd’hui sur deux scènes contemporaines. Sur l’une d’elles, elle a à se défendre des normes sexuelles que la psychanalyse aurait contribué à fomenter par la mise en avant de l’ordre phallique – c’est du moins l’idée d’un grand nombre de théoriciens des gender studies. Sur l’autre scène, elle a à répondre au discours scientifique et médical qui au nom du traitement de troubles du comportement perd de vue le patient et sa puissance narrative, c’est-à-dire sa position dans la déprise subjective à laquelle il a affaire.
Aussi tenterons-nous de démêler dans notre dossier sur le genre, grâce à Fabian Fanjwaks, Clotilde Leguil et Luc Garcia, les noeuds qui se sont installés de longue date entre la psychanalyse et les partisans du libre choix et de la promotion du queer, au-delà du sexe biologique : la lecture minutieuse du dernier enseignement de Lacan, sa remise en cause de l’Œdipe comme de la norme-mâle, permet d’entrapercevoir qu’un dialogue est peut-être possible.
Tout comme le point sur Notre actualité s’éclaire, dans le texte d’orientation de Patricia Bosquin-Caroz tourné vers Bordeaux et la première journée FIPA, de la promotion, par Lacan, de la puissance de la découverte freudienne et de son écoute des patients : c’est en quoi la psychanalyse demeure si subversive.
Qu’on soit homme ou femme, hétéro, bi, butch ou gay, aucun objet jamais ne viendra combler le vide que les mots en nous ont creusé. Nous sommes tous des exilés, à chacun d’entre nous de trouver la rive langagière où pouvoir accoster aussi paisiblement qu’il est possible.