L’Hebdo-blog : Votre enseignement s’intitule « Mensonges de la culture », ce qui promet d’envisager la clinique du sujet dans son être-au-monde d’aujourd’hui.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les interrogations cliniques qui sous-tendent votre enseignement ?
Jean-Pierre Deffieux : Il ne s’agira pas dans cet enseignement de prendre les choses à partir de l’expérience analytique elle-même, du parcours que fait le sujet en analyse. Les repères cliniques seront certes présents mais de façon peu exposée.
Mon but est de débusquer dans la culture contemporaine de ces dix dernières années, au travers de certains livres, de certains films, de certaines expositions, de certaines chansons, des incidences de vérité, des paroles qui témoignent de la persistance bien vivante du discours analytique lacanien en notre monde et de son action dans un temps où la culture se perd dans le mensonge et l’appauvrissement. Il y sera ainsi question d’œuvres d’Almodovar, de Xavier Dolan, de Maylis de Kerangal, de Christine and the Queens), d’Andy Warhol et bien d’autres.
Ces ouvrages seront abordés dans le cadre de plusieurs thèmes, comme l’importance du lien de la pensée et du corps dans une époque où le « se jouir » du corps est exacerbé, la question du choix et de l’identité sexuée face à la tradition, la folie revisitée par Lacan et pas assez par nos sociétés, les limites de la transparence tant réclamée, etc.
H-B : Pourrait-on attendre que ce thème, éminemment contemporain, ouvre sur une approche éthique tout autant que politique ?
J.-P. Deffieux : Réponse délicate. J’insisterai plus sur l’approche éthique au sens que Lacan lui donne : éthique du désir orienté sur le réel.
Quels désirs animent nos sociétés ? L’inconscient y a-t-il toujours une place et laquelle ? La logique borroméenne dégagée par Lacan a-t-elle encore des résonances dans notre monde ? L’art, la création contemporaine font-ils encore échos à cette orientation lacanienne vers le réel ?
Il y a dans le ciel plutôt obscur de la culture de notre époque des étoiles qui scintillent et j’en ai cueillies quelques-unes.