Avec cette nouvelle étape de transmission du savoir psychanalytique qu’initie l’École de la Cause Freudienne dans cette année zéro, il s’agira non seulement de partager et de transmettre un savoir de la psychanalyse et de sa pratique avec le concours de tous ceux qui s’y intéressent, mais aussi de s’ouvrir vers de nouveaux horizons. Cette année, tous les soirs, dans les locaux l’ECF et dans le cadre des enseignements lacaniens du Grand Paris, des praticiens de la psychanalyse sont convoqués pour réfléchir, à partir des outils que nous offre la psychanalyse, sur de nombreux sujets intéressants ainsi que sur des problématiques diverses et actuelles. Chacun pourra en user à son rythme, selon son style, selon son propre questionnement et son objectif de recherche.
Ariane Chottin a été chargée d’animer l’enseignement qui cette année va éclairer, au cours de six rendez-vous, les modalités du travail et le fonctionnement particulier des « Institutions Hors Normes ». Ces lieux institutionnels, qui seront présentés dans leur singularité, ont été créés par des psychanalystes d’orientation lacanienne qui se sont mobilisés pour faire une réalité d’une fine pratique clinique d’écoute de la parole des sujets en souffrance avec la psychanalyse pour seul outil de travail. Ces institutions sont Hors-les-Normes puisqu’elles sont, non pas contre les normes, mais au-delà des normes. Elles tiennent compte de la subjectivité donnant de ce fait une dimension éthique et politique hors les lois du marché et bien au-delà des normes standardisées de traitement.
Sylvie Ullmann fondatrice de l’EPOC en 2005 a été la première invitée de ces soirées. Le thème choisi pour cette première, d’une vive actualité, était celui de la difficile thématique de l’Exil et les expériences de l’exil. De façon vivante et enthousiaste, elle nous a parlé de cette création institutionnelle à partir de « rien », « sans financement, prenant appui sur ce désir d’agir dans la Cité auprès des personnes en souffrance ». Le combat de quelques-uns et leur disponibilité a très rapidement produit ses fruits sur le terrain. Ainsi, ce dispositif – situé au cœur du 19ème arrondissement de Paris – a permis de faciliter une écoute psychanalytique aux personnes les plus vulnérables non seulement par des interventions dans leurs espaces d’accueil – où, avec souplesse, « le lieu s’adapte à la personne et non le contraire » – mais aussi à domicile, dans leur quartier, en contact avec les écoles, avec les associations. Ce travail, reposant sur le bénévolat, a permis de recevoir plus de 1500 personnes par an sur Paris et la banlieue. Cette riche expérience clinique est partagée par la mise en œuvre d’un service de formation, ainsi que par l’organisation d’une Journée d’étude annuelle.
L’EPOC reçoit de nombreuses personnes migrantes, en situation d’exil, demandeuses d’asile ou pas. Nous avons pu écouter, lors de cette première soirée, deux vignettes cliniques, présentées, avec les prises en charges et leurs effets, par Patrick Almeida de l’EPOC et Nadine Daquin de l’association ParADOxes. La discussion de ces deux cas de sujets en souffrance, en exil, en auto-exil ou exilés du champ de l’Autre, était conduite par Thierry Jacquemin. L’association Kolone était présentée par sa fondatrice Emmanuelle Gallienne. Cette association, elle aussi logée au cœur du XIXème, propose aux étrangers arrivés en France des cours de français accompagnés d’une immersion culturelle.
Au cours de cette brillante soirée, nous avons pu vérifier combien la psychanalyse, à travers ces institutions Hors-Normes, agit comme un outil de transformation pour chaque sujet en détresse mais peut aussi constituer une aide sociale qui s’avère, de nos jours où règne une dure ségrégation, fort efficace.