Nous n’oublierons jamais que la liberté de parole et le mot d’esprit sont au cœur même de la psychanalyse, comme nous l’indique Freud, pour qui le Witz est une boussole.
Dans son appendice à l’ouvrage sur le mot d’esprit, Freud évoque le rapport entre le surmoi et l’attitude humoristique. L’humour y apparaît sous les espèces d’une défense contre le réel. Freud lui donne ainsi la parole : « Regarde ! voilà le monde qui te semble si dangereux ! Un jeu d’enfant ! le mieux est donc de plaisanter ! » ( S.Freud, L’humour, (1928), appendice à Le mot d’esprit et ses rapports à l’ inconscient, coll. Idées/ Gallimard, p.408). Il en déduit qu’il reste beaucoup de choses encore à apprendre sur le surmoi.
Dans le Seminaire IV, Lacan énumère pour sa part les variétes du rire. Il y a le rire du rire, le rire lié au fait qu’il ne faut pas rire, le fou rire des enfants, le rire d’angoisse, de la menace imminente, le rire gêné de la victime, le rire du deuil brusquement appris. (J.Lacan, Le Séminaire, Livre IV, Les formations de l’inconscient, Seuil, 1998). Le rire procède toujours d’une libération de l’image spéculaire, il surgit de l’écart produit entre l’image narcissique du moi, le prestige associé à sa stature, et ce qui se présente de réel sous nos yeux. L’image continue d’exister dans l’imaginaire dans son unité et sa prestance à l’instant même où le sujet se trouve dans une situation embarassante ou ridicule. C’est de l’écart entre le réel et l’imaginaire, par conséquent, que nous rions.