Mars 2015, les membres de la commission des conférences de Reims choisissent le titre « Sexe(s), Ado » pour le prochain cycle. Laurent Dupont accepte d’être l’un des conférenciers et indique qu’il parlera des Hikikomoris. C’est entendu ! La rencontre avec l’Autre sexe sera abordée avec une certaine distance.
Le 31 Janvier 2016, Laurent Dupont, à la table, débute avec « les garçons en bande » : « Les garçons, il faut que ça bande ». Ah ! Changement de cap ? Tranquillité bousculée… Il ajoute : « Mais ça n’a pas à voir avec le sexe ». Ah bon, il fallait le dire ! Nous pouvons retourner aux dossiers confortables de nos chaises.
L’adolescence existe-t-elle ? C’est la question que Laurent Dupont pose, faisant cette fois vaciller le terme « ado » que nous avions retenu. Décidément, l’après-midi ne sera pas tranquille ! L’adolescence n’est ni un âge, ni un temps, ni un stade. C’est « une construction signifiante »[1] poursuit-il, citant Jacques-Alain Miller.
Puis, parlant de sa passe, Laurent Dupont témoigne des signifiants qui ont marqué son adolescence : « Fuck », « Destroy » et « No Future ». Ils résonnent comme des slogans. « Fuck » comme signifiant du ratage, c’est l’interjection anglo-saxonne de ce qui rate. « Destroy » pouvant être le slogan d’Alex, un ado qui, pour prouver qu’il est un garçon, doit en détruire un autre. « No Future » serait le signifiant de l’absence de garantie… Rien n’est écrit, tout est à inventer. Le mouvement punk, que Laurent Dupont aura rejoint pour faire bande, s’avérait avoir une fonction. Celle-là même, essentielle et fondamentale, qu’il « monte sur l’escabeau ».
Ainsi les remaniements de la puberté qui introduisent la question de l’Autre sexe, confrontent à un : comment faire avec ça ? La question alors en jeu est : comment faire pour être un homme, pour être une femme… Ou pas ?
L’analyste, Laurent Dupont, nous donne cette indication précieuse : de repérer avec quelle image, quel discours les ados que nous recevons, se soutiennent… Ou pas ? De sa pratique, il nous présentera un cas, où, devant se présenter comme sexué devant l’Autre sexe, c’est l’hallucination « pédé » qui fait réponse dans le réel pour le sujet, témoignant de ce que le corps fait trou.
Laurent Dupont conclue sur cette citation de Lacan « LOM cahun corps »[2] et à chacun de se débrouiller avec ça… Cahin-caha.
Incontestablement l’intranquillité a du sens ! Ça oriente et nous dirige tout droit vers la quatrième journée de l’Institut de l’Enfant dont Laurent Dupont en est le directeur.
[1] Miller J.-A., « En direction de l’adolescence », Interpréter l’Enfant, Petite Girafe, n°3, Navarin éditeur, Paris, 2015, p. 192.
[2] Lacan J., « Joyce le Symptôme », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 565.