La FIPA, Fédération des Institutions de Psychanalyse Appliquée, création récente de l’École de la Cause Freudienne, a tenu sa première journée à Bordeaux, ce 12 mars dernier.
Elle est le fruit d’une gestation de plusieurs années de travail. Elle regroupe une trentaine d’associations affiliées, qui ont en commun de travailler avec le principe de gratuité, avec une limitation temporelle, variable, et le bénévolat de ses praticiens, analysants, c’est important. Patricia Bosquin-Caroz a resserré la chose en ouverture en rappelant que cette offre de parole se distingue de l’assistance sociale ou du soin médical ou psy, par l’orientation psychanalytique qui y prévaut, donnée par l’impulsion de J.-A. Miller. L’enjeu étant la mutation du bavardage en question, puis en réponse et savoir sous transfert pour capter le symptôme du sujet.
Il s’agit dans tous les cas de produire un savoir inédit qui permette au sujet un nouveau nouage à l’Autre qui vienne répondre au désarrimage du lien social éprouvé. Les cas présentés démontraient tous ce point-là.
Cette pratique n’est pas sans poser des questions à la psychanalyse d’aujourd’hui. Comment manier le transfert ? Traitement bref ou pas ? Et aussi la question du diagnostic et du phénomène clinique. Preuve est faite, que notre clinique d’aujourd’hui, depuis les travaux sur la psychose ordinaire est un aggiornamento de nos repères classiques. Comme l’a démontré J.-A. Miller par la précision tenace de ses questions, sur les phénomènes qui percutaient un sujet, a priori obsessionnel. Nous avons une intuition clinique, mais sur quels indices précis s’appuie-t-elle ? Il s’agit ensuite de vérifier si cela tient ou pas, et quel type de nouage est en jeu, typique, standard ou singulier. Tout cela poussé par la nécessité de la hâte, les séances sont comptées. Elles doivent déboucher sur un nouveau nouage. Même si l’indication peut se poser de consulter un analyste dans la cité, ultérieurement. Un cycle doit être bouclé.
Il s’agit toujours d’un repérage du phénomène sous transfert et d’être à l’écoute des réponses du sujet à ce phénomène. Comme l’a fait valoir Christiane Alberti, le sujet ne traite-t-il pas parfois le trou de la signification, qui peut le rendre perplexe, en apprenant une langue étrangère, soit des articulations ? Et à quelles conditions une langue capitonne ? Ainsi, un cycle peut se boucler.
Parfois c’est le dispositif qui est surprenant : on reçoit sans rendez-vous, le week-end ! Travail sur le lien social à réparer, dans une certaine urgence, ici avec pluralisation des psys, pas toujours le même : une offre spéciale pour accueillir des phénomènes spéciaux !
C’est la joie que nous trouvons dans notre travail, les petites solutions, les trouvailles qui marchent. C’est la psychanalyse, vite !