Samedi, à la maison de la Chimie, ce fut d’abord un frémissement et l’émotion de notre communauté de travail qui se retrouvait et se remettait à la tâche, plusieurs semaines après ces Journées 45 qui, elles, n’advinrent pas. Nous avions hâte d’entendre celles et ceux de nos collègues qui trois années durant vont s’appuyer sur l’élaboration d’une analyse poussée jusqu’à son terme pour contribuer à la construction tout autant qu’à la transmission des enjeux politiques et épistémiques de la psychanalyse lacanienne aujourd’hui.
Et quelque chose est donc advenu, avec cette résonance particulière du mois de novembre 2015, mais pas seulement. Quelque chose qui a été sans nul doute enrichi par le subtil entrecroisement des témoignages de passe avec celui des membres de la Commission qui deux années durant eurent à cœur d’entendre les passeurs et de faire le pari de la nomination des Analystes de notre École.
Alors « Happening »? « Escabeau paradoxal » pour reprendre les beaux termes de nos collègues Béatrice Gonzalez-Renou et Aurélie Pfauwadel ? Ce qui est advenu est sans nul doute de cet ordre. Celui de l’authenticité d’engagements dans la parole qui ne visaient ni l’identification, ni l’empathie, mais la restitution au plus serré de longs parcours, dans la rencontre de corps parlants avec un analyste, la réitération, ses moments de fléchissement tout comme de franchissements déterminants. Une parole qui jamais ne s’est retranchée derrière la ritournelle d’une théorie prête à porter sur ce qui constitue la fin d’une analyse. Une parole marquée par une diversité inouïe, à l’ère du parlêtre et du réel sur le devant de la scène. Avec par conséquent des restes, également, qui ouvrent un autre temps, un au-delà de la passe, et pose de manière renouvelée la question du sinthome.
C’est donc une psychanalyse bien vivante, toujours remise sur le métier qui s’est donnée à voir samedi 23 et à laquelle nous consacrons ce numéro, résolument tourné vers le futur.
Virginie Leblanc.