A 19 ans, j’assiste au premier cours de Roger Wartel récemment nommé professeur à la faculté de médecine d’Angers. Il nous décrit un symptôme curieux et bien peu médical d’une jeune femme incapable de pénétrer dans un parking écrit « P ».
Et, nous déclare-t-il : « P = Putain, et je lui ai dit que j’étais impuissant à la guérir ». Pour une jeune apprentie médecin issue d’une filière scientifique, ce constat était quelque peu déroutant, mais ne pouvait manquer de piquer la curiosité.
A la fin de l’année, la question d’examen « la vocation médicale » a laissé coite et affublée d’un 9/20 celle qui était habituée aux notes excellentes.
Jeune externe scrupuleuse de réanimation, je m’étais aperçue qu’une patiente dont j’avais la charge avait perdu connaissance non à cause d’un AIT mais à cause d’un oubli de pilule : en somme elle était tombée par terre de peur de tomber enceinte ! Fière de ma découverte, j’en réfère à l’interne de psychiatrie qui en réfère au grand professeur qui, après s’être entretenu avec la patiente, me lance un « prenez-la en charge ». Elle n’est jamais venue au rendez-vous. Mais alors pourquoi m’avoir dit ça ?
Etudiante en dermatologie, j’assistai aux présentations de malades de psycho-somatique et commençai à m’intéresser à la psychanalyse. Mon premier cartel fut avec Roger Wartel, le maître comme plus-un, mais un maître aux remarques toujours déroutantes. Qu’est-ce qu’il veut dire ?
Plus tard, faisant ma demande d’entrée lors de la création de l’ACF, je rencontrai Roger Wartel qui me dit : « je ne sais pas si nous allons prendre des gens comme vous ». Alors pourquoi m’avoir suggéré de rentrer à l’ACF pour me faire une telle réponse ?
Susciter le désir, voilà ce qu’il avait fait pour moi, lui qui disait au jeune médecin qu’il pouvait réveiller l’inconscient.