Je choisirai deux points – parmi les nombreux autres – qui furent les conséquences d’une mise au travail inédite au CPCT.
Le premier a provoqué des effets sur ma formation et ma pratique : il s’agit du travail d’élaboration des cas, à plusieurs, orienté par la psychanalyse lacanienne. J’ai pu cerner à partir de ce point un appui, en regard de ce que Lacan avait nommé l’horreur de l’acte. Il me semble que c’est dans l’inscription du plusieurs au CPCT que j’ai pu avancer dans la « clinique de la galère sociale »[1] avec beaucoup d’engouement, prête à m’y engager sérieusement. Je dis bien « plusieurs » et non « groupe » – j’y ai reconnu un trait de l’École, celui du chacun qui parle en son nom propre et de la résonance que cela implique : un travail solitaire mais sans isolement.
Ainsi, le fonctionnement du CPCT – comprenant le premier échange entre consultant et praticien, le travail d’élaboration en cartel clinique et en séminaire interne, la préparation aux différents évènements publics, dans un indispensable mouvement d’aller-retour avec l’analyse et le contrôle – ont non seulement nourri mon enthousiasme pour ce dispositif mais surtout m’ont aidée à y faire avec les interrogations et les points de butée que je pouvais rencontrer. En maintenant une tension avec ma pratique dans une autre institution où l’orientation analytique n’est qu’un horizon malgré les graines qu’on ne cesse de planter, j’ai pu mesurer combien une orientation institutionnelle assumée permettait à mon désir de cheminer et de s’épanouir par la constitution de petits savoirs propres et de questions à adresser.
Cette expérience est un nouveau terrain pour mes réflexions sur la psychanalyse appliquée. Me référant à l’intervention de Jacques-Alain Miller en 2007[2] sur les « lieux alpha », j’ai pu tirer des enseignements d’une pratique que je peux qualifier de pragmatique et de minimaliste. Le fait que le CPCT puisse finalement fonctionner uniquement avec le désir de ceux qui s’y engagent, est pour moi un savoir qui marquera ma pratique. C’est « une affaire de discours », a dit J. -A. Miller et, en effet, j’en ai fait l’expérience d’une façon inattendue.
Ce « stage » au CPCT, que j’entends dans le sens de son étymologie latine de « séjour », est une expérience qui met celui qui s’y emploie en mouvement.
[1] Thème de travail au CPCT-Paris pour l’année 2019.
[2] Cf. Miller J.-A., « Vers PIPOL 4 », Mental, n°20, février 2008, p. 185-192.