« Excès »[1], Mieux que la MMA
Lorsque les grands adolescents ne sont pas en prise avec leur image, ils s’éprennent de défis variés comme « les parcours » et la ville devient leur lieu d’exploits les plus extrêmes.
Parfois, cela ne suffit pas à traiter les phénomènes qui surgissent au lieu du corps, lors d’un exercice qu’ils n’avaient pas prévu : le chagrin d’amour.
Tous les soirs de la semaine il a essayé de s’apaiser avec la pratique d’un sport de combat très violent, mais cela n’a pas fonctionné. Il me dit qu’il y a comme un petit espace – me montrant un écart entre ses doigts – qui reste en bouillonnement et c’est pour cela qu’il a accepté de venir me parler. Vu l’état d’Arnold, 15 ans, il va falloir me montrer plus opérationnelle que la MMA (Mixed Martial Arts) pour traiter ce volcan.
Il étouffe. Il pense qu’il doit s’extraire de quelque chose, mais il ne sait pas de quoi. Il réalise avec surprise qu’il n’a plus ce truc pesant en lui, depuis la dernière séance. Je lui demande des précisions sur le choix de son sport : « Depuis tout petit, j’ai besoin de cette adrénaline, je me sens toujours en rage ». Cette variante de la boxe permet tous les coups. Devant mon étonnement, il me précise qu’il y a des règles et qu’il ressort de la séance de sport le corps couvert de bleus. « Je ne veux pas me faire mal » conclut-il avec assurance. Cette rage, elle était là bien avant sa rupture amoureuse. Il nous reste à faire en sorte que des séances, il en sorte avec moins de bleus à l’âme et qu’il découvre d’autres manières de parler avec son corps.
[1] Ratier F., “Excès”, Scilicet – Le corps parlant – Sur l’inconscient au XXIème siècle, collection rue Huysmans, Paris, 2015, pp. 122-124.