Le Bureau de Ville de l’ACF-Belgique à Liège organisait le 10 octobre 2015 un après-midi de travail sur le thème « Faire couple avec l’institution ». Pascale Simonet en a extrait pour nous le vif.
« Faire couple » au cœur de la cité ardente à la Cité-Miroir, acte clinique, acte politique. Après-midi passionnante animée par des acteurs passionnés !
1e séquence : « On est mieux sans elle ». Cette phrase visse Nancy à une paralysie tourmentée jusqu’à la fixité. Aux côtés d’Anne Chaumont, elle va se tracer un chemin – pas sans des collègues posant des gestes très pratiques – allant d’un Autre qui, toujours, peut la perdre, à un Autre « qui la laisse respirer », la menant ainsi au bricolage d’une solution entre « faire couple à tout prix » et « faire coquille ».
Pour cet autre sujet que sa femme a quitté, « la vie essuie ses pieds en permanence sur [sa] figure ». L’« oreille attentive » de Boris Collin recueillant les infimes détails de sa pensée va lui permettre de trouver, dans le choix du beau mot qui habille l’obscénité de la langue, un ancrage palliatif à son besoin impérieux d’être aimé pour pouvoir prendre soin de lui. Sa vitalité nouvelle fera revenir sa femme. Passage ici d’un « trop peu de vie sans l’autre » à « une sorte d’intranquillité permanente ».
2e séquence : formidable présentation à deux voix de ce qu’est « un corps pour deux » et le travail d’humanisation du regard, opéré par Stéphanie De Angelis avec l’équipe de la Coursive. « Léo, c’est le sang de ma chair », propos du père auquel répond celui du fils « on tient ensemble ». Léo, qui se soutient du regard sur son corps jusqu’à y être fixé, va se constituer un moi en nommant l’hallucination qui le traverse, puis en traçant les contours du monstre qu’il hallucine, et en les soustrayant au regard du père. Il s’accroche alors à la break dance. Cette constitution d’un bord au corps de l’enfant eût été impossible sans un soutien actif au père écorché vif, dont Nathalie Lequeux s’est fait l’écho.
3e séquence : très beau témoignage de ce que peut obtenir le désir décidé d’une équipe à la marge de manœuvre étroite. C’est d’une subversion, voire d’un renversement de l’institution qu’il s’agit, pas moins. Du mandat de cadrer à celui d’« ouvrir les portes », en s’appuyant sur un sésame : le repérage de la position subjective de la personne accompagnée et permettre ainsi à une mère « injustement attaquée », de trouver « les mots justes » en lui offrant « un tapis de langue », selon la belle expression d’Éric Zuliani. Avec toute la finesse qui les caractérise l’une comme l’autre, Anne-Françoise Mouchamps et Salvina Alba ont fait entendre la nécessité de « faire couple » avec l’ensemble des acteurs de la « justice ».
Merci à Patricia Bosquin-Caroz, Véronique Mariage et Éric Zuliani pour la clarté et la force de la conviction avec laquelle ils ont transmis au public largement non-initié l’inestimable de l’orientation lacanienne à partir de ces très beaux témoignages !