La tension monte d’un cran en ce milieu d’année 2025 à la suite de l’accélération des nouvelles mesures prises à la Maison Blanche par l’administration de Donald Trump. Les alliances se défont et les règles qui guidaient depuis soixante ans le monde sont bouleversées. À présent, les signes d’hostilité se multiplient et viennent écorner la confiance en une paix durable laborieusement orchestrée.
La guerre a intéressé Freud dans sa conceptualisation de l’inconscient et de l’appareil psychique. L’étude des traumatismes de guerre l’a conduit à formaliser le mécanisme de la répétition et l’Au-delà du principe du plaisir dans la vie psychique. De son côté, Lacan implique l’agressivité dans sa conception formatrice du moi et articule la pulsion de destruction dans ses trois registres, imaginaire, symbolique et réel dans la constitution du sujet.
Il y a un discours de la guerre. La guerre ne surgit pas d’un instinct agressif, animal et inhumain quelconque. Tout au contraire, elle s’organise parce que nous sommes des êtres civilisés inscrits dans le langage et que la pulsion qui marque nos corps du signifiant est toujours pulsion de mort. L’Éros écorche la chair de la griffe de Thanatos. Lacan n’a pas cessé de l’énoncer après la relecture de l’Au-delà du principe du plaisir de Freud.
Le drame humain de la guerre, pour ceux qui s’y sont confrontés réellement, n’est pas tant le rapport à leur propre mort ou à celle de l’autre. Le traumatisme vient bien plus de l’expérience de la monstruosité de la volonté de destruction associée à la jouissance, différente et particulière à chaque sujet.
Trois textes de ce numéro rendent compte de la complexité du moment en ce qui concerne la présence des guerres sur la planète et la menace d’autodestruction. Marie-Hélène Brousse signale que dans les trois dimensions RSI il ne s’agit plus de La guerre mais que ce sont Les guerres, dispersées et localisées sur des territoires toujours plus nombreux qu’il faut prendre en considération. Vanessa Wroblewski-Berlie interroge : et si on n’était jamais suffisamment préparé à la guerre, même lorsqu’on s’y prépare ? Claude Oger traite du mécanisme du déni de la guerre et de la jouissance éprouvée.
Marga Auré