L’urgence subjective est l’une des modalités d’entrée en analyse que nous retrouvons avec une certaine fréquence. Le sujet adresse sa question à un analyste dans l’urgence d’une réponse et cette urgence fait parfois démarrer la cure. C’est un moment de hâte d’où surgit l’appel qui peut amorcer le transfert. L’une des fonctions du psychanalyste est d’accueillir cette urgence, et nous constatons que l’entrée dans le dispositif analytique produit un effet d’apaisement de l’angoisse ainsi qu’une sensible diminution des passages à l’acte.
Aujourd’hui, on associe le traitement de l’urgence subjective à la libération de la parole. En cas de détresse psychologique, il y a l’embarras du choix : lignes d’écoute, conversations en live chat, appels téléphoniques SOS 24h/24, ou encore thérapies vidéo online. L’on peut y trouver des personnes bienveillantes, à l’écoute, qui proposent de parler pour donner du sens à l’insensé.
Face à l’irruption insupportable d’un réel traumatique, un indicible insiste. L’urgence subjective touche à la structure du sujet. Elle apparaît au moment où le réseau de significations est mis à mal et quand le sujet se voit aspiré dans un « trou » sans repères symboliques, troumatisme. Ce réel est hors sens et le demeurera. Dès lors, nulle raison de rester collé à l’idée de donner du sens. Jacques-Alain Miller a cette jolie formule que les urgences subjectives marquent « la faille d’un savoir1 ». Il s’agirait de vérifier cette faille dès les entretiens préliminaires et de saisir la vérité qui entoure l’indicible du réel dans ces moments de crise et de déstabilisation subjective.
Les auteurs des trois textes qui suivent traitent de l’urgence subjective, chacun sous un angle différent. Andrea Orabona évoque, au sein du dispositif des CPCT, les effets analytiques du traitement de l’urgence, effets qui dépassent la thérapeutique. Bernard Porcheret montre le désir en acte du psychanalyste et sa disponibilité lors de l’urgence. Le texte de Jean-Louis Morizot traite du moment où parler est impérieux !
Marga Auré & Corinne Rezki
[1] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Du symptôme au fantasme, et retour », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours du 13 avril 1983, inédit.