Dimanche 6 novembre, il nous a été donné de voir, et d’entendre : une artiste qui a fait de sa vie une œuvre d’art construite sur les reflets et mirages de son image comme de celles et ceux, plus ou moins proches, qu’elle s’évertue à retenir dans ses installations ; un homme de cinéma qui est parvenu à rendre si palpable la logique d’un destin qui silencieusement lie un père et son fils par le biais d’un appareil à lorgner le monde ; des analystes qui, parfois pour la première fois, se sont avancés sur la scène, en plénière des 46e Journées de notre École, pour témoigner de ce que c’est que d’avoir fini son analyse.
Quatre parmi eux se sont livrés au délicat exercice de remanier leur récit de cure en extrayant les incidences de cet objet-cible de toute notre attention depuis quelques mois : si le regard ne peut certainement pas être considéré comme l’objet a privilégié de chacun d’entre eux, n’est-il pas en même temps également pour chacun au cœur des moments de passage qui les mena à lier à l’objet un dire, et pouvoir supporter d’être regardé ?
Être couvé par le regard de l’Autre, en être littéralement dévoré, s’en protéger et se planquer, chercher le regard qui se détourne, voir sans être vu… autant de déclinaisons du fantasme, de phrases de la pulsion réduite à son os, qui chaque fois livre le plus singulier mais aussi le plus universel de leur écriture. Car pour chacune, il s’agit encore d’un regard adressé par l’Autre au sujet qui se constitue comme point de mire, et donc encore relié, pas encore tout à fait séparé de ce regard plus ou moins bienveillant.
Si nous avons tant à apprendre des textes que vous allez lire, après les avoir peut-être entendus, c’est grâce au pas supplémentaire qu’ils franchissent : celui d’avoir aperçu l’inéliminable du symptôme, d’avoir entrevu l’impossible auquel se heurte une vie humaine, d’avoir touché du doigt le plus obscur de la jouissance, au-delà du regard porté par l’Autre. Et de le rapporter, seul, avec son corps, et dans les mots, de l’autre côté du miroir.