Quelques collègues m’avaient parlé de ce parcours, j’ai donc commencé ma pratique au CPCT dans une certaine hâte de faire cette expérience et de ressentir les effets de cette formation. C’est ce dont je vais essayer de témoigner dans cet écrit.
Tout d’abord, le traitement bref au CPCT, situé dans un contexte de psychanalyse appliquée au social, à la Cité, m’a confronté aux variantes de la cure-type issues de la clinique des nouveaux symptômes et à la capacité de l’analyste à s’inventer.
Deuxièmement, j’ai pu m’apercevoir que la question « qu’est-ce qui opère au CPCT ? » se posait lors de chaque traitement mené et j’étais invitée à y répondre, mais sans disposer d’un savoir tout fait. Le travail d’écriture de cas pour la discussion en cartel clinique et au séminaire interne a été fondamental et m’a permis d’éclairer plusieurs questionnements et d’apaiser les angoisses qui m’accompagnaient tout au long de ma formation.
Si, au début de ma pratique au CPCT, j’éprouvais une certaine hâte à vérifier les effets thérapeutiques rapides, mes séances de contrôle m’ont invitée à être attentive aux signifiants du patient, ceux avec lesquels il se présente dans le monde, puisque c’est justement par la parole que la psychanalyse, qu’elle soit appliquée ou pure, opère.
Dans ce sens, en ce qui concerne la temporalité du traitement au CPCT et les effets de celle-ci sur l’ouverture de l’inconscient, Lilia Mahjoub souligne qu’« Il n’est pas nécessaire qu’un temps de traitement soit long pour que puisse se produire en psychanalyse quelque chose de l’ordre de l’éclair »[1], puisque, tel que l’indiquait Freud, « les processus du système Ics sont intemporels, c’est-à-dire qu’ils […] n’ont absolument aucune relation avec le temps »[2]. Mais qu’en est-il du rapport au temps du côté du praticien ?
À ce propos, un texte de Serge Cottet intitulé « Raccourcir le temps pour comprendre ? » nourrit notre réflexion. L’auteur y introduit l’idée d’un « bricolage du temps logique, un déplacement de la fonction de la hâte vers le temps pour comprendre, alors que c’est avec ‘‘la hâte à conclure’’ que le concept est à la bonne place »[3]. Ceci dit, quel usage pouvons-nous faire de la fonction de la hâte et du temps de comprendre au CPCT, si dans une analyse ce temps de rectification subjective, de la découverte du sens d’un symptôme, de l’implication du sujet dans sa plainte, peut prendre des années ?
À ce propos, S. Cottet[4] nous donne une orientation tout en soulignant que la question du temps pour comprendre ne concerne pas seulement l’analysant, mais aussi le praticien. Selon lui, ce dernier ne doit pas encourager une plainte qui se répète, inchangée pendant seize séances, mais se focaliser sur un symptôme particulier, considéré comme l’os sur quoi bute la singularité du sujet et cela afin de précipiter un effet de vérité. Concluons, avec S. Cottet, que le praticien doit y mettre du sien, ce en quoi « sa formation est impliquée »[5].
[1] Mahjoub L., L’Inconscient éclair. Temporalité et éthique au CPCT, Paris, Eurl Huysmans, 2019, p. 52.
[2] Freud S., « L’inconscient », Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1968, p. 96.
[3] Cottet S., « Raccourcir le temps pour comprendre ? », L’Inconscient éclair, op. cit., p. 14.
[4] Cf. Ibid, p. 17-18.
[5] Ibid., p. 18.