Ce que j’ai extrait de cette soirée de travail des AE[1], est une reprise de la question de mon rapport au corps. Je peux dire après coup qu’avec cette construction du PCR de Perrault, un certain chiffrage s’est motérialisé avec quelques ingrédients jouissifs issus de la scène primitive : maman-papa, couteau, coupure, rouge sang. Ces signifiants se sont noués au corps de l’analysant. Il a fait corps avec cela. Alors qu’il rêvait d’être une tête sans corps. Soit une défense contre le sexuel rencontré très tôt. La construction d’une boucherie fantasmatique dans l’analyse aura été le chiffrage puis le déchiffrage de ce qui a percuté ce corps, a fait coupure et a piqué.
Un rêve de transfert de chair me fait accéder à un autre statut du corps : je marche dans la rue avec mon analyste sur le dos, je lui fais voir des morceaux de peau, des articles de corps donnerie. C’est un rêve sans dit qui montre qu’il y a découpe. Comme il a été relevé lors de la soirée, on voit ici comment l’analyste complète le symptôme avec son corps qui s’ajoute, pour pouvoir ensuite le lire, ici, chiffrage de l’inconscient réel. Anne Lysy qui animait notre soirée a fait valoir encore l’importance de l’interprétation à deux. Qui n’est pas sans analogie d’ailleurs avec la danse évoquée par Dalila Arpin, Dominique Holvoet et moi, selon des modalités diverses.
Le don d’un morceau de corps, mamme découpée, circulant entre l’autre et moi, me permit la mise en forme de l’objet. Jouissance indicible d’une mamme que l’enfant colle sur sa mère pour la pomper. Cet organe est à lui. L’analysant est “gros de cette mamme”. C’est une partie de son corps “propre”, alors qu’elle est “offerte” par l’autre. Ou plaquée sur lui. Il y a mouvement d’une pièce détachée. Drôle de corps décidément !
C’est l’interprétation de l’analyste, “Vous donnez à l’Autre des plats consistants” qui a pu déjouer l’Autre carnassier à la grande bouche. Cela a permis d’isoler un “se faire bouffer”, sans Autre jouisseur. Ici, poids du corps qui s’ Un-pose. Je me suis demandé si j’allais m’aigrir de cette mamme ou m’en réjouir autrement ? Faire un autre usage de cette avidité ? La discussion animée avec les collègues a fait valoir un nouvel usage de légèreté avec le corps, qui est venu trouer cette lourdeur de la jouissance Une. Esthela Solano-Suarez a fait valoir que ce qu’il y a de plus réel du corps, c’est le trou. Cette dernière mutation permet une nouvelle danse avec ce qui ne s’efface pas, le reste sinthomatique, et qui garde une certaine épaisseur.
Je peux dire que pour moi, mais pas seulement, ce fut une soirée de rencontre, de relance joyeuse dans le travail à plusieurs, qui permet de creuser en-corps son sillon.
Vivement la suite !
[1] Soirée de la passe du 10 janvier 2017.