Une petite fille a pleuré dans la cour d’une école primaire car un adulte l’a traitée de « diable ». Quelqu’un d’averti à l’embrouille de la langue lui a demandé de raconter la scène: une amie l’avait défendue lors d’un échange avec l’adulte accusé d’avoir lancé le vilain mot. Ce dernier avait dit à l’amie: « arrête de te faire l’avocat du diable ». Logique imparable : avocat de qui? Du diable. Herself !
Après les pleurs, le rire. La petite fille avoue qu’on ne le lui avait pas appris cette expression. Un peu honteuse d’avoir pris la mouche, sait-elle désormais ce que cette phrase veut dire ? Va-t-elle l’utiliser désormais à bon escient ? Le refoulement va recouvrir la scène qui partira dans les décombres de l’enfance? Qu’est-ce que « diable » est venu épingler ? Nous ne le saurons pas. La petite personne qui m’a rapporté ce récit m’a fait part de ce qui lui a sauté aux yeux (si ce n’est aux oreilles) elle a appris qu’un mot a-pris de travers peut blesser quelqu’un jusqu’aux larmes. C’est avec des petits récits comme celui-ci que le thème des Journées 47 de l’ECF devient subitement tangible.
Et vous, comment parlez-vous de nos Journées ? Comment dépliez vous le syntagme Apprendre. Désir ou dressage sans enlever le mystère qui se dévoilera fin novembre ? Vous lirez dans ce numéro du HB que le travail de diffusion implique un effort de faire danser les signifiants pour que « ça dit fuse ». Vous saisirez, qu’après l’analyse, on apprend surtout « à mieux se débrouiller ». Enfin, vous serez sensibles à deux plumes qui écrivent de l’intérieur de l’école avec un petit e, deux témoignages qui nous font entendre que des mots bien dits, adressés à des enfants ou à des adolescents, apprennent parce qu’ils surprennent. C’est ainsi, en parlant au singulier, que le thème des Journées 47 devient tangible et donc susceptible d’être transmis.