Désenvoûter de la passion de l’ignorance
Un enseignement qui ne méconnaît pas la passion de l’ignorance.
Lire la suiteUn enseignement qui ne méconnaît pas la passion de l’ignorance.
Lire la suiteUn étrange défaut de fabrication.
Lire la suite« Ce qui est lacanien c’est un style, une manière de poser les problèmes, l’idée que l’irrationnel de la conduite humaine répond à une raison d’un autre genre. » [1]
Jacques-Alain Miller, « Entretien sur les circuits du désir et sa politique »
« Le style c’est l’homme […] à qui l’on s’adresse » [2], écrit Lacan en 1966, c’est même le premier mot en ouverture de cet immense opus-boussole que constituent les Écrits. Dans son exergue, Lacan introduit d’emblée un écart avec l’idée d’Homme ramenée à un « fantasme de grand homme » [3], au profit de la dimension de l’adresse et donc, de la parole. « C’est l’objet qui répond à la question sur le style » [4], indique-t-il, à la place de l’idée d’homme : « nous appelons la chute de cet objet », car c’est à chuter que cet objet se révèle « à la fois comme la cause du désir où le sujet s’éclipse, et comme soutenant le sujet entre vérité et savoir » [5].
La question du style dans le champ analytique est affine à celle de la formation. Formation entre guillemets comme l’indique la revue de La Cause freudienne numéro 52, puisqu’en matière de formation analytique il s’agit de « faire ses preuves […] en sachant se rendre exempt du contre-transfert » [6]. De l’expérience analytique menée jusqu’au terme résulte un style, qui aura certes soutenu l’ensemble de l’expérience, mais qui aura muté à la mesure du parcours des interstices de la vérité et de ses butées réelles.
S’il ne s’apparente pas à un concept fondamental de la psychanalyse comme tel, il est cependant incontournable dès lors que nous approchons la question de la fin de l’analyse : « Le style résulte de ce que la volonté de transmission est limitée par ce qui est impossible à dire » [7]. Cette limite suppose une prise de distance d’avec les identifications qui ont longtemps paré le vide du sujet ; limite qui fait résonner la visée lacanienne de la fin d’une analyse, à savoir l’obtention de la différence absolue. Cette limite nous la trouvons bien sûr chez Lacan, quand il resserre sa focale sur l’analyste : « sur le style de sa pratique et l’horizon qu’il sait y reconnaitre à y démontrer ses limites » [8].
Gardons-nous de croire qu’il suffit pour cela de reconnaître sa castration et d’égrener les doutes qu’elle génère – « je ne sais pas, ai-je bien fait ? Ai-je pris la bonne option ? – car “il ne suffit pas d’une caractéristique négative”» [9], comme l’indique Armand Zaloszyc, « une caractéristique positive est encore requise » [10]. La psychanalyse « invite à une formation qui va au-delà de la transmission de savoir […] qui comporte une mutation subjective » [11]. Au fond, le style est une des dimensions palpable du réel rencontré dans la cure – il est un produit, un reste de cette rencontre, en-deçà de la maîtrise de la manière : loin des parades, de l’habillage moïque et identificatoire hérité de l’Autre ou prélevé sur lui, l’analyste, ses oripeaux essaimés, est celui qui a « [p]ouss[é] jusqu’au style l’incurabilité singulière délivrée par l’analyse » [12], c’est alors qu’il participe en le renouvelant, d’un style plus vaste, sans s’y résorber, le style lacanien.
* Nous devons ce titre à Monique Amirault, dans son texte : « Faits de formation », La Cause freudienne, n°52, La formation entre guillemets des psychanalystes, novembre 2002, p. 97.
[1] Miller J.-A., « Entretien sur les circuits du désir et sa politique », La Lettre mensuelle, n°188, mai 2000, p.1-2.
[2] Lacan J., « Ouverture de ce recueil », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 9, souligné par nous.
[3] Ibid.
[4] Ibid., p. 10.
[5] Ibid.
[6] Zaloszyc A., « Le psychanalyste, son style et son horizon », La Lettre mensuelle, n°163, novembre 1997, p. 5-7.
[7] Leguil F., « Cerner un style », La Lettre mensuelle, n°63, novembre 97, p 3-4.
[8] Lacan J., « Discours à l’École Freudienne de Paris », version orale.
[9] Zaloszyc A., « Le psychanalyste, son style et son horizon », op. cit.
[10] Ibid.
[11] Miller J.-A., « La formation de l’analyste », La Cause freudienne, n°52, novembre 2002, p. 42.
[12] Amirault M., « Faits de formation », La Cause freudienne, n°52, op.cit.
Lire la suiteLe style enlumine l’incomparable et nous sépare du monde.
Lire la suiteLacan, un style de réponse.
Lire la suite© 2024 HEBDO-BLOG - Design by PUSH IT UP.
© 2024 HEBDO-BLOG - Design by PUSH IT UP.