Événements

Soirée « Faire couple » à Nantes

Sous le titre de « Fêtes et défaites du couple », le bureau de Nantes Saint-Nazaire a proposé une rencontre ouverte au public pour annoncer le thème des journées de l’École, et surtout s’enseigner de praticiens qui se confrontent tous les jours à la question du couple.

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Il s’agissait moins de faire la lecture analytique des témoignages proposés que de dialoguer et d’interroger des praticiens sur leurs trouvailles, leurs difficultés et la réalité qu’ils rencontrent. Le principe fut de proposer deux conversations : l’une sur le couple et la contraception, la planification, l’IVG, et l’autre sur le couple et l’addiction.

La première réunissait une psychologue travaillant en centre de planification et un gynécologue obstétricien responsable de centre d’IVG et de planification, et la seconde un thérapeute familial et un médecin praticien hospitalier responsable d’un service d’addictologie.

Chacune fut préparée et animée par deux membres de l’ACF-VLB. La soirée fut parfois drôle (un des professionnels nous a lu théâtralement un extrait d’une pièce de Dario Fo), souvent passionnée et toujours très suivie. Interrogés par le public ou par les psychanalystes présents, les professionnels ont eu la simplicité et la franchise d’exposer leur manière de travailler et même de s’exposer. Nous avons constaté leur goût à jouer avec le carcan des bonnes pratiques et leur courage à s’avancer dans le champ incertain où leurs pratiques les conduisent.

Un médecin se rit des protocoles et des convenances universitaires pour saisir que le symptôme a une fonction dont il faut tenir compte pour tromper son évidence. Un thérapeute familial aperçoit que la famille n’est qu’un montage et que chacun doit jouer sa partition avec sa propre subjectivité. Une psychologue nous démontre ce que produit un vrai rapport à la parole quand elle ose s’affronter au réel en jeu – la plainte acharnée contre le partenaire n’était qu’une construction qui révélait sa propre souffrance. Un praticien remarquait l’extrême solitude des partenaires face à l’IVG – celle de la femme, la plus évidente, mais aussi celle moins connue du partenaire masculin, souvent refoulée de la scène médicale et renvoyée à la jouissance solitaire de son fantasme.

Les témoignages furent de fait divers, allant de la généralisation la plus couverte par le symptôme du praticien, à la singularité du cas. Nous avons appris que ces praticiens n’étaient pas dupes des apparences et qu’ils savaient jouer avec la fiction qui réunit les couples. Peut-être avons nous pu apercevoir que le réel en jeu, dont ils faisaient état, leur était souvent ignoré. En tous cas ils nous ont enseigné.

Nous n’avions nulle intention de préparer le thème des journées de l’École, mais d’orienter un plus large public vers leur importance.

Il apparait urgent de faire état sur la scène publique de ce que produit l’orientation lacanienne quand elle débat sur les points vifs de notre malaise contemporain.

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Couples avec enfants

À deux pas de l’Hermione récemment revenue à Rochefort, son port d’attache, s’est tenue une soirée de préparation aux J 45.

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À travers quelques résumés de textes parus sur le site, l’ACF Aquitania présenta ces journées, et son partenaire La Baroulette a témoigné de ce que les parents déposent ou attendent d’un tel lieu d’accueil. La Baroulette est en effet, dans le fil des Maisons vertes, un lieu d’accueil et d’écoute parents-enfants, ainsi que le lieu d’une conversation qu’elle a initiée et soutient depuis longtemps avec des parents et des psychanalystes, sur l’art d’être parents !

Deux « accueillantes » nous ont fait part des modalités de couple qu’elles reçoivent parfois.

Certains couples de parents font un usage étonnant de cette petite scène que peut être un tel lieu d’accueil. Ainsi ce couple qui ne vit pas dans le même logement, mais se retrouve, particulièrement autour des questions d’éducation de leur unique enfant. Ils vivent donc un peu selon le mode living apart together[1], et c’est ensemble-chacun dans son coin qu’ils viennent à ces accueils. Ils ne semblent pas fréquenter ensemble beaucoup d’autres lieux. Venir ainsi est peut-être le moyen d’apparaître quelque part en tant que couple.

Cette façon de chercher un accord, un assentiment se retrouve quant aux idéaux éducatifs. Certaines mères affichaient il y a peu leur intérêt inconditionnel pour la Lecce League, exhortant les autres à allaiter très tard, ce qui occasionnait de vives discussions… alors que quelques-unes cherchaient à réussir le sevrage ! En ce moment, le cododo, où il s’agit de faire dormir bébé dans le lit parental, est à la mode ! Quelques-uns s’en réclament et vantent cette pratique. La mode est aussi aux bébés signeurs, qui recommande d’apprendre à l’enfant le langage des signes avant de lui apprendre à parler sa langue maternelle. On saisit qu’à devoir accueillir toutes ces « théories », les accueillant(e)s ont fort à faire !

Cependant, le couple parental n’est pas la généralité dans ces lieux d’accueil. Ces accueillant(e)s, nombreux dans cette soirée, ont souligné qu’ils rencontrent des figures du couple dans tous ses états. Le plus fréquemment, il s’agit du couple mère-enfant, parfois père-enfant. Plus rarement, le couple mère-fille avec enfants fréquente ces lieux, comme cette jeune femme qui ne fait couple avec un partenaire masculin que le temps de concevoir un enfant, enfant qu’elle partage aussitôt et élève ensuite avec sa propre mère avec laquelle elle vit.

Face à cette variété de couples et la prépondérance du couple mère-enfant souvent inconfortable, les accueillant(e)s cherchent ce qu’ils peuvent dire ou comment introduire une limite à la gourmandise de certaines mères pour leur enfant-objet. Ou bien comment tempérer l’agitation d’un enfant prisonnier de ce carcan imaginaire. L’enjeu est de saisir rapidement ce qu’un tel couple peut tolérer de la présence ou du dire des accueillant(e)s ; ce qui peut se dire en dépend.

Et face à cette situation délicate et compliquée, une accueillante proposait d’user non pas du couple des accueillant(e)s, mais de leur duo. L’un peut s’adresser à la mère tandis que l’autre s’adresse à l’enfant, c’est ce qui permet d’obtenir un petit écart, une respiration, où peut se glisser la parole d’un tiers.

[1] Cf Flash lacanien n° 13,  Camilo Ramirez

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« L’assistance médicale à la procréation : Une affaire de couple ? »

Cette soirée organisée par l’ACF-Aquitania, à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux, regroupa trois invités spécialistes[1] dans le cadre de la Procréation Médicalement Assistée au CHU de Bordeaux.

Nous avons beaucoup appris de nos collègues médecins, eux-mêmes assez enthousiasmés par cette réunion médecine-psychanalyse.

La question de départ, en lien avec le thème des 45es journées de L’ECF, concernait le lien qui unit deux sujets au point de se prêter à cette expérience de la procréation médicalement assistée, et surtout le lien qui unit le couple parental et son médecin.

La stérilité n’est pas toujours cause de la demande de PMA. Parfois, le médecin s’aperçoit que le désir d’enfant est peu présent. Ou bien, « le désir d’enfant est dévorant pour les femmes »[2]. Les suites et conséquences de la réussite ou de l’échec d’une PMA restent imprévisibles.

La fécondation in vitro ne répare pas tout. Mais en cas d’échec, le médecin reste insatisfait, souvent perplexe ou inquiet. Son désir est de satisfaire à ce désir d’enfant, et ainsi accorder désir du couple et désir du médecin.

Au CECOS[3], les demandes sont là encore très variées : congélation du sperme à la suite de l’annonce d’un cancer, hommes célibataires, hommes en couple, infertilité masculine, adolescents au sortir de l’enfance atteints d’une maladie grave, obsessionnels désireux de ne pas perdre leur possibilité de paternité, etc. Beaucoup d’hommes en souffrance marqués par la maladie ou l’humiliation de l’infertilité.

L’humanisation n’est pas toujours au rendez-vous. Appliquer les protocoles ne permet pas de tenir compte de la subjectivité d’un sujet. Ainsi en est-il du jour J. Souvent ça cloche ce jour là. Un désir inconscient vient-il se mettre en travers ?

Cette description du CECOS et de ces recueils de sperme illustre réellement le non rapport sexuel. Ici la question du couple n’est pas au premier plan, il est plutôt question de paillettes et de congélation.

Les parents ayant recours à un donneur anonyme s’inquiètent : qui est le père? Pour les rassurer on leur explique la différence entre père biologique et père symbolique. Étonnement encore du médecin quand il s’aperçoit que l’enfant ressemble à son père !

Quelques discussions avec la salle nous ont menés vers la question du deuil de l’enfant à venir, du patrimoine génétique. « Qu’est ce que le deuil ? », « Peut-on faire le deuil d’un être humain qui n’a pas existé ? »

Le rappel du deuil, concept conçu par Freud, est venu clore les débats. De qui et de quoi fait-on le deuil ?

[1] Dr Gaëlle Rocher-Escriva, gynécologue, spécialiste en médecine de la reproduction ; Dr Lucie Chansel-Debordeau, biologiste au Cecos ; Dr Irène Bourrée, gynécologue interne en biologie de la reproduction. [2] Selon le Dr G Roucher-Escriva. [3] Centre d’Étude et de Conservation des Oeufs et du Sperme.

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Femme-varie, comme l’eau vive

L’après-midi nantais à laquelle la délégation Val de Loire-Bretagne avait invité Éric Laurent parlait politique lacanienne : « L’inconscient c’est la politique » à l’époque du parlêtre. Y intervenaient : Fouzia Taouzari, Jean-Louis Gault et Bernard Porcheret.

Solenne Benbelkacem Leblanc en propose un écho à partir de la question : « Alors, toutes des meurtrières ? »

La lettre féminise

Cet événement fut un moment passionnant autour de l’érotisme féminin et de ses liens avec la politique lacanienne. Qu’est-ce qu’une politique qui saurait se servir de la logique féminine ? Celle-ci faisait écho à l’énigme d’une phrase de Lacan : la lettre féminise, phrase qui est revenue plusieurs fois dans l'intervention de Bernard Porcheret, faisant référence au « Séminaire sur la lettre volée » de Lacan.

Le discours analytique ne laisse pas le sujet en paix avec ses petites affaires. Il interroge : la position féminine, est-ce de se mettre en place d’arbre qui cache la forêt, ou encore est-ce le point d’où part le regard légendaire de Méduse ? Femme, pourrait-on dire, de « ce n’avoir pas »[1], que vas-tu faire ?

La lettre félinise

D’abord, je dois dire que j’ai été saisie par l’ambiance d’inquiétante étrangeté qu’a ouverte Éric Laurent en introduisant le célèbre Cri d’Edvard Munch et l’interprétation originale qu’en a donnée Lacan. Des formules ont donné corps à ce point d’immobilité, à ce surgissement intolérable de la jouissance qui s’approche. Nous plongions alors dans une sorte de 4e dimension, où le prochain est « toujours déjà là »[2]. Das Ding tient décidément du félin : ça peut surgir à tout moment. L’on se serait presque cru en brousse, en pleine partie de chasse !

Mais, est-ce dire que cela veut nous dévorer ? Cela dépend de la direction qu’on lui donne. Avec l’enseignement de Freud en gouvernail, cela donne plutôt : « Le lion ne bondit qu’une fois ». C’est dire que si cet extime est noué au bon discours, son agent saura en faire quelque chose. Savoir rester immobile et se fondre dans le décor. Savoir agir dans l’ombre comme un ninja pour mener une action seconde. Et savoir bondir avec toute la vivacité requise au moment opportun.

La lettre Bruce-Leenise

Ensuite, j’emprunterai un détour Fellinien en invitant Bruce Lee, légende des arts martiaux et du cinéma. Une émission de radio[3] rapportait récemment son précieux conseil à qui veut passer maître en art martial : « Sois de l’eau, mon ami »[4]. Elle rappelait aussi qu’à ses débuts cet acteur ne tenait pas dans les limites de l’écran. Bondissant d’un coup de pied, il jaillissait et se retrouvait hors du cadre : un vrai geyser. De même, ses coups étaient si rapides qu’il a fallu piéger plus d’images, sans quoi le mouvement demeurait invisible. Des coups fantômes, disait-on.

Si l’on rapproche son conseil de la devise de Jacques-Alain Miller adressée aux psychanalystes : « Croire sans y adhérer »[5], on obtient : « Croire sans adhérer comme sait le faire l’eau vive ». En effet, quoi de mieux que l’eau vive pour se faire tour à tour carafe, agrafe, rideau, nœud… tout en restant instantanément libre de s’écouler de nouveau, s’évaporer ou jaillir ?

La lettre irise

Mais devrait-on conclure de cette grande inconsistance de l’eau la même chose que François Ier : « Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie » ? Nous pourrions lui répondre : « Napoléon, tout ça c’est bien joli mais pour les châteaux d’eau, faudra encore pomper ! ». Fions-nous plutôt à l’enseignement de Lacan et à son « Fiat trou ! »[6]. Solidement noué à l’éthique du discours psychanalytique, du « cynisme féminin »[7] participerait plutôt à iriser les grandes idéologies humaines. Et sur ce point, un psychanalyste et une femme sont forcément amis, nous regardant parfois avec leurs yeux « revolver »[8] quand des vessies sont trop prises pour des lanternes. Cela n’en fait pas pour autant un regard qui tue, mais plutôt un regard qui saurait tordre le discours du Maître et qui saurait soutenir un sujet dans son accès singulier à une dignité.

« La vérité n’a pas de chemin. La vérité est vivante et par conséquent, changeante », dit Bruce Lee, dans Tao of Jeet Kune Do (1975).

Ainsi, le discours analytique pourrait dire : « Sois de l’eau, mon ami psychanalyste » pour savoir jouer des semblants de ton époque. Car c’est de leur usage au-delà de la borne phallique que la Lettre Volée[9] tire sa redoutable efficacité.

[1] Fari P., « La psychanalyse au XXIe siècle », La Cause du désir, n°89, Navarin Éditeur, mars 2015, p.112. [2] Lacan J., Le séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, p.225. [3] Bruce Lee furieux, France culture, 16 mai 2015. [4] Citation complète : « Vide ton esprit, sois informe. Informe, comme l’eau. Si tu mets de l’eau dans une tasse, elle devient la tasse. Tu mets de l’eau dans une bouteille et elle devient la bouteille. Tu la mets dans une théière, elle devient la théière. Maintenant, l’eau peut couler ou elle peut s’écraser. Sois de l’eau, mon ami. » Extrait du film de John Little Bruce Lee: A Warrior’s Journey, 2000. [5] Miller J.-A., L’inconscient et le corps parlant, Présentation du thème du Congrès de l’AMP à Rio en 2016, version du 25 septembre 2014. [6] Lacan J., « Des religions et du réel », La Cause du désir, n°90, Navarin Éditeur, juin 2015, p.12. [7] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. De la nature des semblants », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris VIII, cours du 29/01/1992, inédit. [8] Jeu de mot entre le revolver en tant qu’arme à feu et le verbe espagnol « revolver » qui veut dire mettre sans dessus dessous, tordre, renverser. [9] Lacan J., « Le séminaire sur ‘la Lettre volée’ », Écrits, Paris, Seuil, 1966.

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Vers le « faire couple », une résonance

Interpréter le thème des J45, c’est en faire un usage.

C’est sous la forme d’une conversation que nous discuterons de la problématique soulevée par l’École : les liaisons inconscientes du « faire couple », le 12 Septembre à Ville d’Avray. Nous aurons pour thème « Le couple patient-soignant », et proposerons à ce thème une résonance dans le champ de l’institution psychiatrique. Quelles sont les conséquences lorsque la dite relation patient-soignant est promue, au détriment de la prise en compte de la causalité psychique en jeu ? Nous tenterons de saisir comment le clinicien peut rendre lisible sa place dans cette causalité en tant que partenaire dans cette modernité.

Cette 3e conversation en Île-de-France Ouest, nous permettra de mettre à l’épreuve, une fois de plus, la façon dont la psychanalyse permet à la psychiatrie de s’extraire d’une clinique de la gestion. Nous entendrons à quelles conditions il est possible aujourd’hui pour le « soignant » de lire la particularité du lien qu’il supporte.

Nous aurons le plaisir d’accueillir Guy Briole, qui fera avec nous l’exercice précédemment décrit, à partir des exposés de Pierre Ludovic Lavoine (Psychiatre à la Clinique de Ville d’Avray), Maria Brinco de Freitas (Psychologue à l’Hôpital Maison Blanche), Béatrice Bardet (Infirmière à l’Hôpital de jour pour Adultes de Ville d’Avray) et de l’Équipe éducative et pédagogique de l’Hôpital du jour pour enfants « Petit Hans » à Rueil Malmaison, avec Georges Haberberg, Directeur.

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« Victime ! » Ce que PIPOL 7 m’a appris

La variété des thèmes cliniques abordés le samedi a donné lieu à un grand nombre de débats et à une mise en forme du « se faire victime », du « être victime » permettant d’explorer les limites de la parole quand elle se veut thérapeutique et la distinction qui pouvait être faite avec la portée de l’interprétation analytique. Quand chaque acteur des séquences a joué son rôle, les échanges ont été fructueux, à la satisfaction de tous.

Le dimanche fut incontestablement une journée exceptionnelle et inédite à PIPOL. Non que le sérieux des interventions n’eût pas été au rendez-vous les années précédentes, mais cette fois l’audace à traiter le réel tragique des événements qui ont bouleversé nos sociétés ces derniers mois, la qualité des invités et la pertinence des psychanalystes qui leur ont donné la répartie me permet de dire, bien qu’ayant co-organisé ce congrès avec Gil Caroz, que ce programme de dimanche m’a appris quelque chose. D’une part, pour l’anecdote, qu’il nous faut une grande patience et une grande souplesse pour pouvoir accueillir des invités dont la présence est incertaine jusqu’à la veille du congrès, mais d’autre part, qu’être à l’écoute des invités, c’est parfois renoncer à obtenir qu’ils témoignent de leur division, tout en apprenant autant de leurs propres défenses vis-à-vis des questions posées.

Nos invités ont ouvert une fenêtre sur ce que produit la mauvaise rencontre avec un réel qui peut prendre la forme d’une brutalité de l’Autre ou d’une menace mortelle. Ainsi, Sigolène Vinson pour qui l’abondance des détails de l’attaque à Charlie-Hebdo accompagnait une parole émue qui résumait la catastrophe dans laquelle elle avait été plongée et dont elle s’était sortie sauve. Ce témoignage recueilli par Patricia Bosquin-Caroz et Gil Caroz était très émouvant en donnant l’idée qu’elle ne revendiquait en rien un statut de victime (il suffisait des morts et des blessés), mais témoignait d’avoir approché une zone où les repères habituels ne fonctionnent plus.

Didier François, journaliste grand reporter de guerre de longue date, avait été otage en Syrie pendant huit mois, malmené par un geôlier excité et menaçant. Son objection à toutes questions personnelles l’a fait apparaître comme un homme déterminé et grand connaisseur des organisations politiques auxquelles il avait à faire, sachant qu’il ne devait sa vie qu’aux ordres du chef du groupe qui voulait en faire une monnaie d’échange. Si le sérieux avec lequel il considérait l’organisation qui le détenait lui donnait des atouts, il nous a appris comment un homme comme lui peut résister aux risques auxquels son métier l’expose. Il nous a appris aussi comment la mort est une hypothèse de travail (qui peut devenir réel brutal, comme celle de James Foley, compagnon de détention) qui n’est pas, pour lui, sans résonnance avec la question de l’exception que l’on peut vouloir être pour l’Autre.

Le troisième témoignage, celui de Zahava Seewald, s’est radicalement rangé du côté d’une sensibilité sublimée – importance de la langue yiddish dans sa vie, importance du chant de douleur ou de souffrance –, elle n’a pas souhaité beaucoup s’exprimer sur cette journée tragique au Musée juif de Bruxelles qui vit périr quatre personnes alors même qu’elle n’était pas sur place, mais sa voix nous a régalés, comme la délicatesse de son interlocutrice l’a fait remarquer.

D’autres invités ont apporté leur point de vue à partir de leur champ de connaissance ou de compétence :

Fethi Benslama interrogeait ce franchissement que représente la radicalisation de jeunes à la recherche d’un idéal exaltant et qui ne recueillent qu’un droit de tuer.

Rachid Benzine déplorait un mésusage de l’islam chez beaucoup de jeunes radicalisés qui s’en réclament et surtout une stéréotypie de références coraniques qui s’éloignent de la portée des écritures rapportées au contexte de leur rédaction. Il prône un retour à la lecture éclairée du Coran pour parer aux désastres de la radicalisation. Marie-Hélène Brousse, Antonio Di Ciaccia, et Éric Laurent ont animé une conversation où les différents aspects de la radicalisation, son extension, son contexte géopolitique et ses remèdes éventuels. Pas d’esquive, chacun interrogeait ou répondait d’où il était.

Pliant l’organisation de la journée à sa disponibilité, nous pûmes recevoir Alain Finkielkraut qui montra la richesse d’une pensée documentée dans un échange avec Agnès Aflalo, et déclina les conditions d’une identité européenne repensée en montrant son aversion pour une indifférenciation dans le domaine culturel comme dans celui de l’amour et du sexe. Une pensée en marche contre les faiblesses de ce qui nourrit la pensée totalitaire du djihadisme, déclinaison des totalitarismes qui ont tenté de s’imposer au cours des derniers siècles.

Gérard Wajcman a fait un sort aux aspirations au martyr des islamistes radicalisés contemporains en les resituant dans l’histoire récente des conflits moyen-orientaux et dans une interprétation délirante de la religion. Il a rencontré sur ces développements la lecture de Réginald Blanchet, quand Deborah Gutermann-Jacquet montrait la revendication victimaire concurrentielle contenue dans l’expression « islamophobie » qui tend à spécifier un racisme. Antoni Vicens nous rappelait à quel point l’effacement des victimes, de leur réalité comme de leur nom, appartient à tout projet totalitaire que l’alliance du nazisme et du franquisme voulait réaliser à Guernica. Mais c’était sans compter sur la puissance de l’art et en particulier sur la force du tableau de Picasso qui certes ne ressuscita pas les victimes, mais fit en sorte que l’oubli ne les recouvre pas.

En début de journée, Miquel Bassols, président de l’AMP, avait montré comment technologie  et religion peuvent faire bon ménage, pour le pire,  au service d’une tentative de globalisation des totalitarismes.

La conclusion de la Journée sur L’otage de Claudel, adapté par Jacques Roch et joué remarquablement par lui-même avec Louise Roch et Valentin L’Herminier donnait une touche originale à cette référence majeure de Lacan qui en fit une victime sublime.

Nous avions l’impression en quittant le Square ce dimanche soir qu’une fenêtre sur le monde s’était ouverte et que la psychanalyse ne reculait pas devant le réel qu’elle découvrait. Il est essentiel que nous poursuivions ce que nous avons ébauché lors de ces Journées PIPOL et c’est un temps fort du programme de psychanalyse d’orientation lacanienne qui s’est joué. Prolongeons-le.

freudHDDessin fait par Honoré pour le département de Psychanalyse de Paris 8.

*Président de l’EuroFédération de psychanalyse

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Un samedi à Bruxelles

PIPOL 7, le 3e congrès européen de psychanalyse des 4 et 5 juillet dernier à Bruxelles s’est tenu aux avant-postes de l’actualité.

Le samedi 4 juillet 2015, les cas cliniques.

Un improbable nous a été enseigné : un mois dans une des pires geôles terroristes peut s’avérer être « nothing compared with my daily torture » : celle, pour ce sujet, d’être un « mauvais fils » et un « mauvais » croyant. Qui l’eut crû, à l’exception d’un psychanalyste ?[1]

On a tenu pour fou un migrant qui, une fois obtenu son autorisation de séjour en France, a rejeté toute aide sociale : l’analyste, elle, s’y est refusée. Car la pratique d’un psychanalyste se règle en effet sur un indicible, pure folie pour certains.[2]

J’ai eu le bonheur d’aller écouter trois heures et demi durant l’après-midi nos collègues italiens sans m’ennuyer une seule seconde.

Une femme refuse d’être la victime molestata d’un homme, c’est-à-dire l’objet de sa jouissance. Et pour cela… elle le maltraite ! À sa façon, par sms… Il faut ajouter que cet homme fait jouir une autre femme.[3]

Il existe des jouissances violentes (godimenti violenti), celles qui ne transigent rien avec l’Autre. Une patiente les ramasse dans cette formule : « Ho bisogno (j’ai besoin) dell’attenzione, ma non ho bisogno dell’ Altro »[4].

Des parents d’origine étrangère voulurent à toute force intégrer leur fils dans la culture du pays qui les accueillit autrefois, y compris en donnant à leur enfant un prénom issu de cette culture. Mais voilà : le dit enfant, devenu adulte, victime de ce choix, souffre.

Il souffre de ce « qu’il y a quelque chose de non intégrable »[5].

Une femme obèse se fait « oggetto di… », c’est-à-dire victime de tous les mauvais traitements possibles, jusqu’au plus dégradants et dangereux.

L’analyste, elle, ne cherche pas à lui faire perdre des kilos. Car elle a repéré deux choses :

1/ être « objet de… » signifie en fait qu’il n’y a pas d’Autre qui vaille pour elle – n’importe lequel, y compris le plus odieux, fera l’affaire – et donc un soggetto senza posto ;

2/ à défaut de fantasme, l’obésité est une tentative pour fixer de la jouissance.

Bien que se faisant elle-même « maltraiter » d’une certaine manière par la patiente (qui cherche ainsi à ouvrir une faille dans l’Autre), l’analyste maintient coûte que coûte l’offre de parole, tentative de poser une limite.[6]

Face à un point de réel se manifestant par une irruption d’angoisse, une femme parvient, en s’appuyant sur l’analyste, à construire une conjoncture – celle d’un enfant dont on se sépare – pour encadrer symboliquement ce surgissement insupportable. Cette construction n’est pas une simple théorie isolée, mais une invention avec laquelle elle relit (e) toute son histoire.[7]

Alors : Agressionne, perscuzione ou masochismo ?

Massimo Termini nous propose une boussole pour s’y retrouver dans cette déclinaison des positions de la victime : quelle est la certezza (certitude) du sujet dans chaque cas ? Et donc : quelle est notre marge de manœuvre pour travailler à chaque fois ?

Ben detto.

Grazie mille !

Pierre Bismuth,  En suivant la main gauche de Jacques Lacan - L'âme et l'inconscient,  vidéo (ici capture d'écran), 2010, 04:59, dvd, courtesy de l'artiste. Vidéo qu'on a pu voir dans le hall du Square, avec trois autres oeuvres de P. Bismuth,  pendant les deux journées PIPOL 7. Exposition dûe à notre collègue Marc Segers qui en a été le commissaire et l'actif "galeriste". On lira ou relira son texte paru sur Pipolnews, en amont du congrès, http://www.pipolnews.eu/galeries/les-oeuvres-de-pierre-bismuth-exposees-au-congres-pipol/Pierre Bismuth,  En suivant la main gauche de Jacques Lacan - L'âme et l'inconscient,  vidéo (ici capture d'écran), 2010, 04:59, dvd, courtesy de l'artiste. Vidéo qu'on a pu voir dans le hall du Square, avec trois autres oeuvres de P. Bismuth,  pendant les deux journées PIPOL 7. Exposition dûe à notre collègue Marc Segers qui en a été le commissaire et l'actif "galeriste". On lira ou relira son texte paru sur Pipolnews, en amont du congrès, http://www.pipolnews.eu/galeries/les-oeuvres-de-pierre-bismuth-exposees-au-congres-pipol/

Carole Ebtinger, Lignes, 2014. Cette oeuvre de C. Ebtinger, avec trois autres   grands formats, faisait face à celles de P. Bistmuth dans le hall du Square. C. Ebtinger est élève de l'Ecole supérieure des Arts visuels  La Cambre à Bruxelles. Nous devons cette "moitié" d'exposition à l'artiste, bien sûr, et à l'intérêt  de Juliette de Halleux pour son travail.

Carole Ebtinger, Lignes, 2014. Cette oeuvre de C. Ebtinger, avec trois autres   grands formats, faisait face à celles de P. Bistmuth dans le hall du Square. C. Ebtinger est élève de l'Ecole supérieure des Arts visuels  La Cambre à Bruxelles. Nous devons cette "moitié" d'exposition à l'artiste, bien sûr, et à l'intérêt  de Juliette de Halleux pour son travail.

[1] Evgeni Genchev (Sofia-Ville), Torture as a subjective Experience.  [2] Edwige Shaki (Paris), De l’exil subi à l’inscription choisie. [3] Pasquale Indulgenza (Emilia Romagna), Non basta mai. [4] Giuseppe Pozzi, La malignità animale del padre e la semplicità dell’animale. [5] Arianna D’Ambrosio (Lazio), In fondo, come dirlo ? [6] Giulana Capannelli (Marche), Anna e il corpo come « oggetto di… ». [7] Luigi Colombo (Lumbardia), Caso di Agnese.

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La psychanalyse sur le terrain !

« Qu’il [le psychanalyste] connaisse bien la spire où son époque l’entraîne dans l’œuvre continuée de Babel, et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages. »[1]

Accueillir, entendre, interpréter, tenter de nommer le nouveau qui se présente… telle est notre expérience de la diffusion des Journées depuis deux ans.

Le désir de savoir et de recherche dans lequel l’École nous entraine avec ces nouvelles Journées se nourrit de l’expérience, celle de la cure, et aussi bien des témoignages recueillis dans la cité, les institutions… dans nos réseaux personnels et professionnels.

Il s’agit donc de faire acte de présence dans les lieux où des sujets en souffrance sont accueillis afin d’observer la façon dont va résonner le thème et quelles sont les impasses rencontrées.

Par la diffusion se transmettent de nouveaux signifiants qui permettent de nommer, de cerner ce qui est rencontré, sous un angle nouveau. Dans certains lieux, certaines institutions, nous entendons les signifiants des Journées qui se propagent : Faire couple, liaisons inconscientes. Les questions sont posées, le voile est levé.

« Rencontre publique », « échanges », « conversation », tels sont les signifiants qui circulent sur les affiches des événements en Région cette année, liés à celui d’institution ; « surprises », « accueil », « liens », « histoires », « rencontres », « dialogue », les signifiants prélevés auprès de ceux qui diffusent sur le terrain. Au cours de ces rencontres, de nouveaux liens se nouent, des histoires s’écrivent, un désir de jouer les prolongations dans un lien de travail ensemble, un désir de savoir.

Les inventions quotidiennes dans les Régions vont dans le sens d’une attention soutenue au public au un par un, là où l’on diffusait habituellement de façon anonyme. Comme l’argument des Journées touche chacun, à partir de ce qui est là dans l’expérience humaine incompréhensible, indéchiffrable. Bref, la diffusion est adressée : pas de sujet collectif de l’énonciation, y compris par le canal de la diffusion par mail, un ton, un style propre à chacun, des messages adressés au un par un. Une collègue lit les textes du Blog et envoie à chaque personne qu’elle a rencontrée au cours de la diffusion, un texte qu’elle a choisi spécialement à son attention, assorti d’un petit commentaire.

Quand la diffusion se noue avec la rencontre des corps, s’inventent des liens qui eux-mêmes produisent d’autres liens…

Un savoir se dépose au fil des rencontres et nous vérifions chaque jour le nouage entre la diffusion et l’efficace d’une transmission par « les actions des Uns désirants » [2]

[1] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage », Écrits, Paris, Seuil, p. 321. [2] Bosquin-Caroz P., « L’action lacanienne à l’ECF », La Lettre mensuelle numérique n° 328, mai 2014, p. 5.

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Les ondes de la diffusion

La préparation des prochaines Journées de l’École de la Cause freudienne est en pleine effervescence partout en France. Les ACF se mobilisent pour toucher un public large, nouveau et nombreux. La diffusion se déploie dans un mouvement à plusieurs détentes dont les actions sont multiples. À la fois elle se veut étendue et globale – il s’agit d’occuper le terrain, de couvrir le mieux possible le territoire – mais elle n’opère qu’en nouant des rencontres, dans des échanges au un par un et non anonymes. Enquêtes et liaisons sont les deux signifiants proposés par Christiane Alberti pour orienter ce travail de diffusion. Les rencontres qui en découlent témoignent que la psychanalyse touche, intéresse, surprend, car l’orientation lacanienne, en phase avec l’époque, propose une lecture de ce qui déroute.

Des soirées-débats au cinéma, des conférences, des conversations autour d'un livre, des rencontres avec des artistes ont lieu dans tout le pays et en Belgique. Les rencontres publiques, inaugurées cette année dans les ACF pour préparer les Journées, invitent aussi au dialogue avec les professionnels travaillant en institution. Des psychanalystes conversent avec ces intervenants à partir de leur pratique, leurs questions, leurs impasses et s’orientent du réel en jeu pour un sujet en faisant résonner dans un débat le thème des prochaines Journées. "Faire couple avec l'institution à Toulouse, Fêtes et défaites du couple à Nantes, Le couple, la sexualité et l'institution à Bordeaux, Quand « faire couple » devient addiction, quel sevrage ? à Gap et bien d'autres évènements à venir encore sur ces thèmes mis au travail lors de ces rencontres publiques touchant un public renouvelé et nombreux.

Sur la toile, le site fairecouple.fr rayonne : des psychanalystes dialoguent avec des personnalités de champs divers et se laissent enseigner par les discours de l’époque. Ces interviews, ces confidences, ces articles, ces vidéos circulent aussi sur les réseaux sociaux et leur diffusion se propage à grande vitesse, ces témoignages produisant des effets de transmission. La rubrique Sur le terrain explore comment les professionnels des institutions sont touchés par le thème des Journées, se faisant ainsi partenaire de la diffusion de proximité. Cet axe est également un volet très important : des correspondants se déplacent sur les territoires des ACF pour distribuer les affiches et flyers et présenter l’argument des Journées dans des institutions, des tribunaux, des associations, dans des cinémas, des librairies, des théâtres, etc., partout où la question du couple intéresse la pratique. Les Journées et leur thème sont très bien accueillis et les surprises sont au rendez-vous lors de ces initiatives. Cette petite communauté en ébullition partage ses expériences, ses trouvailles, ses inventions dans une newsletter hebdomadaire et interne intitulée LINK 45. Ainsi la diffusion se fait joyeuse, légère, spontanée et le désir se propage au fil de ces rencontres. Une attention spéciale est donnée à l’activation des réseaux professionnels dont chacun dispose à partir du moment où il a des fonctions en institution ou à l’université. Parler des Journées autour de soi, faire suivre certains articles publiés sur le site à ses collègues, à ses amis, utiliser les réseaux sous toutes leurs formes est le tempo de la diffusion. Le désir, l'humour, l'audace sont au rendez-vous pour faire parler des Journées 45 dans toute la France. Le site, les rencontres publiques et les contacts de proximité tissent cette toile où les ondes de la diffusion se propagent. Celle-ci est donc une véritable expérience, une aventure dont on tire des conséquences, une action dont on mesure l'enjeu politique.

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Faire couple avec les réseaux

Les Journées « Faire couple » se tiendront en novembre, mais elles ont déjà commencé : à travers le Blog, le Journal, et aussi les initiatives locales sur le thème.

Les J44 « Être mère » ont été l’occasion de mettre en place l’expérimentation d’une e-commission nationale avec un e-collègue par ACF et par réseau du Champ freudien : CIEN, CEREDA, RI3. Avant le lancement de la campagne publique, la première tâche a été de faire la recension des moyens : sites-blogs, listes électroniques de diffusion, comptes Twitter, pages Facebook. Nous avons alors constaté une implantation conséquente, mais avec des disparités importantes. Ce recensement a eu deux effets majeurs. D’une part il a permis de se faire une idée concrète de la présence des ACF sur le web. D’autre part, le recensement s’est traduit instantanément par la création de pages Facebook, comptes Twitter, réveil et même restructuration de blogs, ainsi que par la création de listes de diffusions électroniques hébergées (de type yahoo ou google groupes), constitution de e-équipes locales et d’un cartel consacré à la présence sur la toile.

Il s’est avéré très précieux d’avoir dans chaque ACF un collègue intéressé par l’e-diffusion, qui en saisit l’enjeu, désirant en faire partager l’intérêt par les membres de son ACF, par le délégué régional.

Cette e-commission, dont le support est une liste de discussion électronique, a accueilli une mobilisation, un bouillonnement, une inventivité remarquables.

À l’issue des J44, l’expérimentation a été validée et décision fut prise de reconduire le dispositif pour les J45.

Nous y voici donc.

Nous avons défini un nouvel enjeu, une orientation pour les mois qui viennent. Si nous avons consolidé et étendu notre réseau il s’agit maintenant de le connecter à d’autres à partir notamment du compte Twitter et de la page Facebook des J45. Un soin particulier est mis dans ce sens dans les messages diffusés, et un dispositif de veille concernant les médias avec lesquels nous sommes susceptibles de nous connecter. L’équipe Twitter, composée de sept collègues, assure une veille continue. Les premiers résultats sont là, la connexion est en cours. Quant à la page Facebook, elle a déjà dépassé très largement les liens de celle des J44 qui elle-même avait fait progresser grandement notre impact.

Il est bien connu que chaque changement technique du recueil et de la diffusion de l’écrit a un effet sur la forme du message. Du volumen au codex, du livre copié à l’imprimerie et finalement à la numérisation, chaque mutation du support implique celle de la forme, mais aussi du contenu. Aujourd’hui s’y ajoutent les images, la vidéo, le son et les hyperliens.

Diffuser la psychanalyse aujourd’hui suppose de l’adapter aux nouveaux supports. C’est ce dont nous devons prendre la mesure, en acte, si nous voulons que le discours analytique rencontre son époque et que le psychanalyste se tienne à la hauteur de la tâche « qui lui revient en notre monde »[1].

[1] Lacan J., « Acte de fondation », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 229.

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