En un éclair
La mise en jeu de la fonction scopique a mis en lumière ce que l’entrée dans la procédure avait laissé dans l’obscurité.
Lire la suiteLa mise en jeu de la fonction scopique a mis en lumière ce que l’entrée dans la procédure avait laissé dans l’obscurité.
Lire la suiteSophie Calle tente de traquer un regard qui au final ne se voit pas, car c’est un vide. Dans son art, l’artiste tente de localiser une jouissance et fabrique un savoir-y-faire avec l’objet de la pulsion.
Lire la suiteDepuis le début de l’ECF, un signe de Bernard This nous indiquait qu’une transmission de ce désir pour traiter les demandes qui nous sont adressées, est possible à travers les générations. Ce fil là nous ne le lâcherons pas.
Lire la suite« Nous allions dans la lune pour étudier des tas de cailloux, mais nous ne savions rien du nouveau-né ! Nous ne l'avions jamais vu sourire. » Bernard This
Lire la suiteLe signifiant se joue de ce jeune garçon. Il s’agira donc de le décoller de cette charge réelle.
Lire la suiteSi le temps du traitement au CPCT est compté, le transfert quant à lui occupe une place sur mesure.
Lire la suiteCette jeune femme a fait son tour de piste au CPCT, en redéployant dans le transfert la danse qu’elle mène avec les hommes.
Lire la suiteLe tableau laisse chacun sur sa faim, livré devant l’énigme de ce qui est représenté pour les uns et non représenté pour les autres. La jouissance est soulignée dans un « pousse à voir » de la pulsion qui est convoqué dans une répétition du regard qui peut s’entretenir seule face au « rien à voir ».
Lire la suiteDeux articles de la presse, l’un dans le Times Magazine du 29 janvier 2016 intitulé « What Barbies’s new shape says about american beauty ? »[1], l’autre trois jours plus tard dans un journal local « En réalité augmentée, elle essaye sa nouvelle poitrine »[2] témoignent du changement du rapport au corps. Entre ces deux publications, une journée préparatoire au congrès de l’AMP à Rennes intitulée « Idolâtrie du corps, haine de soi »[3] vise la part de leurre de ce corps contemporain et aussi à s’enseigner de diverses pratiques. Francesca Biagi-Chai invitée d’honneur, démontre d’emblée comment Lacan nous a préparés à accueillir ce grand désordre.
À partir de la nomination, reprise du cours « Pièces détachées »[4] de Jacques-Alain Miller, elle interprète cette modernité. « Nommer, c’est établir un rapport, instaurer un rapport entre le sens et le réel ; non pas s’entendre avec l’Autre sur le sens mais ajouter au réel quelque chose qui fait sens ». Elle poursuit : « Nommer les expériences pour faire discours, c’est bien là qu’est l’inversion propre à notre temps »[5] et non plus s’appuyer sur un discours établi.
Deux chirurgiens plasticiens interviennent dans une séquence intitulée « Les nouvelles exigences esthétiques ». Le Pr Watier définit sa pratique comme corrigeant une atteinte du corps dite fonctionnelle. C’est ainsi qu’il préfère parler d’une chirurgie réparatrice aux effets esthétiques, en prenant à sa charge la difficile frontière entre ces deux pratiques. Il refuse la standardisation de la beauté et utilise comme référentiel le corps harmonieux, ce qui lui permet de ne pas répondre oui à tout le monde ; ce qui viendrait à dire : tous le même corps. Il tente ainsi de freiner l’exubérance de certaines demandes, avant que le patient n’en fasse la douloureuse expérience. Il y oppose la subtile modification. C’est ce qu’il appelle la french touch. La cicatrice, signe d’un reste de jouissance, est utilisée pour avertir de la part de réel non résorbable dans la demande. « Il y aura toujours une façon individuelle de cicatrisation » dit le Pr Watier. L’équivoque dévoile cette dimension du corps qu’habille, au un par un, un discours où le réel n’est jamais très loin. Francesca Biagi-Chai parle d’esthétique mentale, en indiquant qu’un corps est aussi un corps parlant. À ceux qui penseraient que la psychanalyse s’oppose à ces interventions, elle répond par un cas où une indication de chirurgie, pour de simples poignées d’amour, vise le trop réel qui menace cet homme. Cette intervention illustre la version d’une chirurgie qui vient faire point d’arrêt à une jouissance illimitée. S’il n’est pas opéré, le nouage du corps, des études, et de son être homme se rompt. La féminisation l’empêche d’accéder à sa vie. La psychanalyse offre cette finesse de repérage des défenses modernes contre l’effondrement, contre la mélancolie.
Le Dr Bertheuil expose une autre version du réel du corps. Accueillant à l’hôpital les patients ayant subi un amaigrissement drastique suite à une chirurgie bariatrique, il décrit un parcours vers le pire pour ceux qu’ils rencontrent. Les corps se délibidinalisent, touchés dans leur « corps-sistance ». Des couples se séparent, des patients prennent des psychotropes et les cas de suicide ne sont pas rares. Ce tableau à « corps ouvert » est dépeint comme conséquence d’une rupture de discours. Le chirurgien plasticien n’a pas d’autre choix que de répondre par une clinique du discours, du lien entre le signifiant et ses conséquences de jouissance qui ne peuvent être que singulières. C’est ainsi que peut s’ordonner le parcours en chirurgie plastique post-bariatrique qui prendra plusieurs années.
[1] « Now can we stop talking about ma body ? », The Times magazine, February 8, 2016, time.com
[2]Publicité d’une clinique de chirurgie esthétique : http://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-en-realite-augmentee-elle-essaye-sa-nouvelle-poitrine-4012914
[3] http://www.associationcausefreudienne-vlb.com/se-muscler-un-corps-idolatrie-du-corps-haine-de-soi/
[4] Miller J.-A., « Pièces détachées », La Cause freudienne, n° 61, Paris, Navarin/Seuil, décembre 2004, p. 149.
[5] http://www.radiolacan.com/fr/topic/752/3
Lire la suiteUn-corps[1]
Un-ijambiste
La toile est devenue le lieu où le sujet moderne s’exhibe, avec toujours plus de singularité. S’y dévoilent d’étonnantes vidéos de performances sportives atypiques[2] où unijambistes et autres éclopés se musclent, dansent et courent comme personne d’autres. À croire que ce bout de corps en moins leur a fait pousser des ailes.
Dans le Séminaire VI, Lacan nous éclaire sur l’efficace de la mutilation en tant que rite initiatique « La mutilation sert ici à orienter le désir (…) Disons donc que la mutilation est ici l’index d’une réalisation d’être dans le sujet. »[3] Une amputation peut-elle provoquer une telle réalisation ?
Une snowboardeuse canadienne, Michelle Salt, nous enseigne sur ce point. En 2011, suite à un accident de motocross, elle est amputée de sa jambe droite. Huit mois plus tard, elle remonte sur son snowboard et est, aujourd’hui, championne para-snow au Canada.
Un article élogieux[4] sur la snowboardeuse retrace le parcours de cette athlète, dont l’amputation provoqua un véritable gain de vie « For Michelle, the crash left more than an amputation. It was a new beginning, giving her more drive, more focus, and more determination than ever before. »[5] L’amputation, telle une mutilation initiatique, a laissé sa marque signifiante, « Le sujet qui a subi la mutilation (…) porte désormais sur lui la marque d’un signifiant qui l’extrait d’un état premier pour le porter, l’identifier, à une puissance d’être différente et supérieure. »[6] Michelle Salt ne cesse de le dire[7], cet accident, qui a laissé son corps meurtri, a changé sa vie. Jusqu’alors obsédée par son apparence, elle avoue aujourd’hui être plus sereine quant à son corps « So I’m covered in scars but yet they tell my story of survival and strength (…) I will embrace what I have and that's a body with one hell of a story ! »[8]. Selfies ou photos de mode – chaussée de superbes prothèses fashions – soutiennent désormais cette véritable icône unijambiste.
Michelle Salt s’est construit un-corps uni-jambiste – Un-ijambiste – et a fait de ce corps son escabeau. Il est ce sur quoi elle « se hisse, monte pour se faire [belle]. C’est son piédestal qui lui permet de s’élever [elle-même] à la dignité de la Chose. »[9] Cette fiction du corps beau lui tient lieu de Un. « Le sinthome, conçu comme "événement de corps", [répare] le défaut de nouage des trois autres, tel un opérateur de consistance, l’un-corps tient alors sa consistance du nœud à quatre. »[10] Ce nouveau nouage permet à Salt de se faire un-corps, un-ijambiste, qui la soutient.
[1] Solano-Suaréz E., « Un-corps », Scilicet – Le corps parlant – Sur l’inconscient au XXIème siècle, collection rue Huysmans, Paris, 2015, p. 310.
[2] À voir sur internet :
http://www.dailymotion.com/video/x2183i7_une-fille-avec-une-prothese-de-jambe-danse-mieux-que-nous_sport https://www.facebook.com/derekweida/videos/995602293832079/?theater https://www.youtube.com/watch?v=qaa5l_aVCes [3] Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le désir et son interprétation, Paris, Éditions de La Martinière, 2013, p. 456 [4] Redman A., “The Life-Changing Accident That Made Michelle Salt Better Than Ever Before in Inside Fitness Canada, mars 2015. http://insidefitnessmag.com/2015/03/29/inspiration-the-life-changing-accident-that-made-michelle-salt-better-than-ever-before [5] Ibid [6] Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le désir et son interprétation, op.cit., p. 45 [7] Michelle Salt Athlète https://www.facebook.com/Michelle-Salt-331260413642115/?fref=ts [8] Post de Michelle Salt, juin 2015. https://www.facebook.com/331260413642115/photos/pb.331260413642115.-2207520000.1451757433./637418049693015/?type=3&theate [9] Miller J-A., « L’inconscient et le corps parlant », dans Scilicet, Le corps parlant, Paris, École de la Cause Freudienne, 2015, p. 2 [10] Solano-Suaréz E., « Un-corps », dans Scilicet Le corps parlant, op.cit., p. 310 Lire la suite© 2024 HEBDO-BLOG - Design by PUSH IT UP.
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