CPCT

D’être mère à devenir «maternelle»

Mme P. ne sait pas expliquer comment s’est présentée l’idée d’avoir un enfant. Elle peut juste dire que cela lui faisait peur, mais que quand sa sœur s’est trouvée enceinte ça l’a rassurée. Son fils a quelques mois de moins que son neveu. Elle a vécu dix ans avec son compagnon et ils se sont séparés quand Lucas, leur fils, avait un an et demi. La grossesse n’était pas prévue, leur vie était organisée autour de l’entreprise qu’ils avaient créée ensemble. Quand Lucas est né, Monsieur ne s’y est pas intéressé, il a eu une liaison avec une collègue, ce qui a provoqué la séparation. De ce fait Mme P. a perdu son emploi.

Trouver des appuis

Quand elle vient consulter au CPCT, Mme P. voudrait des conseils. Elle se sent « étouffée par son fils ». Lucas est agité à l’école et difficile à la maison, il dort mal, il fait beaucoup de colères.

Au moment où elle s’est trouvée seule, Mme P. dit qu’elle est tombée dans un « trou noir », elle était incapable de s’occuper de son fils et est revenue vivre chez ses parents. Mais rapidement elle s’aperçoit que sa mère, qui s’angoisse pour tout, ne lui est pas d’un grand secours. Elle décide de prendre un logement.

Sur ma proposition elle évoque quelques éléments de son histoire. Elle m’explique qu’elle est la quatrième de quatre enfants et que sa mère ne voulait pas d’elle. Sa scolarité a été difficile, les professeurs disaient qu’elle avait de réels problèmes de compréhension et qu’elle ne ferait jamais rien dans la vie. Elle précise que sa mère n’était pas surprise puisqu’elle répétait sans cesse qu’elle-même étant incapable, elle n’avait fait que des incapables. Durant toute son enfance elle s’est appuyée sur sa sœur qui lui servait de modèle. Sur ses traces elle a obtenu un BTS puis elle est partie étudier à l’étranger. Mais alors qu’elle se trouvait seule, sa sœur étant repartie, elle a fait l’expérience d’un moment de perplexité qui a précipité son retour. C’est alors qu’elle a rencontré son compagnon avec qui elle a vécu dix ans. Elle admirait cet homme mais cela n’a pas été une histoire d’amour, il était plutôt comme un frère sur qui elle s’est appuyée.

À l’occasion d’un cauchemar qui lui rappelle cet épisode vécu à l’étranger, elle interprète que c’est la solitude qui l’angoisse, ce à quoi j’acquiesce.

L’angoisse de la solitude vient se nouer à sa position d’incapable ; soit elle sait, soit elle ne sait pas, alors elle panique et perd complètement ses moyens. Dans ce cas il faut un autre qui lui donne les réponses dont elle ne dispose pas.

Dans la vie elle a toujours eu besoin d’un guide. Elle n’aurait jamais pris la décision de quitter son compagnon, mais aujourd’hui, elle dit qu’elle n’a pas été heureuse. Il était tyrannique, la rabaissait et lui imposait son mode de vie. L’appui imaginaire est nécessaire, mais le revers de la médaille, c’est qu’elle perd sa personnalité, comme elle le dit. C’est ainsi que j’ai soutenu qu’elle pouvait prendre appui sur les autres tout en trouvant sa manière à elle d’y faire. « Comment demander de l’aide sans être pour autant une assistée ? », se demande-t-elle. Elle peut alors faire appel à ses parents ponctuellement, et prend également rendez-vous avec un pédopsychiatre. Le trou commence ainsi à se border.

Étudier

Mme P. voudrait travailler pour avoir de la valeur et être comme les autres. Il faut qu’elle travaille, ça organise le temps et l’empêche de se laisser couler. Quand je la rencontre, elle cherche un emploi et passe ses journées à étudier mais avec beaucoup de culpabilité. Elle découvre qu’elle aime apprendre et qu’elle peut comprendre alors qu’elle s’était toujours sentie bête. J’ai encouragé sa solution et quand Pôle emploi lui a proposé une formation j’ai soutenu ce projet qui lui a permis de sortir un temps de sa solitude et de nouer quelques contacts. Se sentant plus à l’aise en société, elle peut côtoyer les autres parents et prend plaisir à aller chercher son fils à l’école. Sa relation avec lui se pacifie petit à petit. Elle dit qu’elle fait des compromis. La peur que le moment du coucher se prolonge l’amenait à couper court à toutes demandes. Face aux colères, qu’elle tentait parfois de régler par des douches froides, j’indique qu’on ne peut pas toujours dire non, quelquefois il faut dire oui, trouver des petites choses qui apaisent. Par la suite elle pourra accompagner le coucher plus sereinement, par exemple lire une histoire, voire deux, mais pas trois.

Se sentir « maternelle »

Après avoir passé un entretien professionnel, Mme P. se demande si être seule avec son fils la pénalise. Lors de cet entretien, le responsable lui a fait comprendre qu’élever seule un enfant pouvait être un handicap. Dans cette réflexion elle a entendu une volonté de l’Autre de la soumettre à des horaires excessifs, elle a donc décidé qu’elle ne prendrait pas cet emploi car elle veut garder du temps pour s’occuper de son fils.

Le monde de Mme P. a basculé à la naissance de Lucas. Avoir un enfant l’a ramenée au trou de la solitude qu’elle avait bordé par la rencontre avec son compagnon, dans le regard de qui elle avait trouvé de la valeur grâce au travail. Avoir un enfant la confronte de manière très vive à son incapacité. Elle cherche des conseils mais elle cherche surtout à comprendre et à répondre de la façon la plus appropriée.

Saisissant la logique de sa soumission à l’Autre, elle va se décaler d’une position de jouissance à laquelle elle était fixée depuis l’enfance. Elle ose apprendre, elle peut accéder à un savoir qui ouvre sur la perspective de soutenir sa propre parole. Elle peut, à partir de là, s’autoriser, dans sa position « maternelle », à questionner et peut se risquer à avancer des points de vue personnels.

Elle ne fait plus comme sa sœur qui s’énerve pour rien. Elle dit que sa sœur est encombrée par ses enfants. « Le problème avec ma sœur, c’est qu’elle est mère, mais qu’elle n’est pas maternelle », dit-elle, et elle explique que si être mère c’est avoir un enfant, alors être maternelle implique de pouvoir en prendre soin. Ce glissement signifiant est un capitonnage qui se réalise en fin de traitement lorsqu’elle a appris à être ce qu’elle nomme « maternelle ».

Alors qu’elle s’attendait à des solutions plus concrètes en venant au CPCT, elle dit avoir compris que je ne lui avais rien imposé pour lui laisser faire son chemin. Elle doit apprendre à faire avec son incapacité et sa solitude, et poursuit pour cela le travail avec une analyste en ville.

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« Être mère, ça s’invente »

« Être mère, ça s’invente » était l’intitulé du 7e Colloque du CPCT-parents de Rennes qui s’est déroulé le 5 décembre 2014. Depuis 2007, la tenue de cet événement est un moment-clé : politique par sa présence au sein de la cité, et clinique, pointant ce que la rencontre d’un sujet avec le discours analytique peut produire, dans le dispositif limité dans le temps d’un CPCT.

Après l’ouverture par la Présidente de l’ARPELS (Association de Recherche en Psychanalyse et Lien Social) gestionnaire du CPCT, Myriam Perrin, extraits cinématographiques à l’appui, nous a introduits dans un monde résolument contemporain, avec « Les milles et une mère d’une fiction sur l’obstétrique moderne »[1] de la série américaine Private Practice.

Addison Forbes-Montgomery, gynécologue et chirurgienne néo et périnatale, est aux prises avec le vertige des nouvelles technologies médicales (concevoir un fœtus afin de prélever le sang ombilical pour sauver un autre enfant ; faire maturer puis implanter les ovocytes de son nourrisson mort afin d’être plus tard mère à nouveau) et les embrouilles de son désir. Entre les deux se creuse un gap. Addison, d’être gynécologue, n’en est pas moins femme. Elle souffre les affres avec son partenaire ; après avoir eu un enfant par mère porteuse, elle verra réapparaître la mère biologique qui viendra, et en toute légalité, l’évaluer dans sa capacité à être mère. L’enfant a deux mères, celle qui l’a adopté et celle qui l’a « fabriqué » selon ses termes.

Les demandes du XXIe siècle liées à la maternité sont les conséquences logiques des nouvelles technologies scientifiques. Cette série montre, entre autres, qu’elles n’épuisent ni ne règlent la question de l’amour, du désir et de la jouissance.

Trois cas cliniques ont témoigné d’une réalité plus quotidienne : ravage du surmoi maternel renforcé par les diktats contemporains prônant des prêt-à-faire universels, perte d’appui après une séparation conjugale, impuissance aux commandes, fixation à une identification. Chacune de ces mères est venue frapper à la porte du CPCT sous un même signifiant sans jamais en être attrapées de la même façon. De l’enfant dont elles se plaignent, qu’elles ne reconnaissent plus, ne comprennent plus, un pas peut se franchir à ce qu’elles ont été comme enfant. Ces trois cas montrent aussi la façon dont les mots et l’acte du praticien opèrent au CPCT, avec ce qui s’en déduit d’effets thérapeutiques sans suggestion. Le travail au CPCT-parents nous enseigne que la variété des faits qui conduisent une mère, un père à s’y adresser, s’inscrit dans le ratage de la fonction et vient révéler les impasses de cette mère, de ce père-là. Les butées énoncées s’opposent à ce que le parent s’était forgé comme idéal de sa fonction, à ce qu’il suppose être attendu de lui ou le convoque à une place qu’il ne peut pas prendre. Produire un écart avec une harmonie tant rêvée et de toute façon impossible de structure, faire entendre qu’il n’existe aucun mode d’emploi de la fonction, ni aucune garantie quant aux actes et décisions prises par chacun, peut donner chance de renouer avec le fil du désir afin de poursuivre l’invention de ses propres réponses. Venir parler au CPCT de son enfant, de sa fonction de mère, de père, ne relève pas seulement d’un dire mais est aussi un acte sous-tendant le désir de parler en son nom propre là où le recours à la parole commune défaille.

Notre invitée, Claude Quenardel, membre de l’ECF, en a tiré plusieurs bords : être mère ne relève d’aucune évidence pour une femme et ne répond pas à un instinct ; être mère ne va pas de soi et le manque de savoir préalable sur cet événement oblige chacune à inventer sa façon d’être mère. Mais « être mère ne vient pas de nulle part. On ne peut dissocier la maternité de la sexualité féminine »[2]. Des trois cas, elle a extrait la connotation surmoïque du vouloir : la patiente d’Isabelle Delattre ne voulait pas d’enfant et se force à en avoir ; celle de Dominique Tarasse masque son incapacité à être mère en voulant être une mère parfaite ; la patiente d’Alice Davoine veut un enfant « plus que vivant ». À la volonté, avec ce qu’elle emporte pour le sujet d’énigme, de férocité et d’illimité, s’oppose le désir avec ce qu’il implique d’ouverture et de légèreté. Le temps limité au CPCT induit du côté du consultant une certaine urgence quant à situer un au-delà de la demande afin d’avoir chance de relancer le désir du sujet.

S’appuyant sur la Leçon du 19 mars 1974 du séminaire de J. Lacan Les non dupent errent, qui examine les conséquences du déclin du Nom-du-Père, C. Quenardel a introduit la perspective inédite de Lacan, à savoir la substitution au Nom-du-Père d’un nouvel ordre, l’ordre maternel « auquel les mères peuvent se raccrocher pour y trouver repère et sécurité [...] un ordre qui opère avec des normes [...] Il s’agit d’identifications puissantes qui sont le produit de l’ordre social que Lacan a qualifié d’ordre de fer ou encore d’ordre de faire, écartant tout défaut d’invention singulière »[3].

Notre invitée mettra en avant la nécessité d’une invention pour chaque mère, invention qu’elle situera du côté de la dimension de l’inconscient, et rappellera ce que chaque cas a de singulier et d’incomparable.

[1] Titre de l’intervention de Myriam Perrin, membre de l’École de la Cause freudienne. [2] Intervention de Claude Quenardel, colloque du CPCT-parents de Rennes, 5 décembre 2014 [3] Ibid.

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Familles en crise – Les conséquences d’un désordre symbolique

La clinique que nous recueillons au CPCT est marquée par la crise du symbolique. Nous voyons se développer les pathologies « centrées sur la relation à la mère, ou encore centrées sur le narcissisme »[1]. Comment les sujets, un par un, font-ils face à la crise de la famille œdipienne ? Voici deux vignettes issues des consultations préalables au traitement.

Effet iatrogénique[2]

Un des indices de la crise de la famille est qu’elle est devenue objet de soins. Mais de quelle famille parlons-nous ? La psychothérapie déduit le symptôme des positions occupées par les parents dans la réalité. Ce n’est pas notre thèse. C’est la famille en tant qu’elle a été subjectivée – par le biais des identifications – qui intéresse la psychanalyse. Une vignette éclaire cliniquement cette différence d’approche. Mme M. a soixante ans et se plaint de sa tendance à « toujours faire avorter les choses ». Elle veut enrayer cette répétition. Son dernier effondrement est lié aux effets d’une thérapie familiale initiée par l’établissement où sa mère est hospitalisée. Ces réunions ont ravivé un conflit familial ancien et déstabilisé son bricolage précaire. Sa famille a toujours été clivée en deux blocs. Mme M. était du côté de la mère, le reste de la fratrie soutenait le père. Forcée à se confronter à ce clivage, elle ne peut que rompre à nouveau. Après deux séances, elle refuse de participer au dispositif. Elle se sent cependant coupable car on lui fait porter, dit-elle, la responsabilité de l’échec de la thérapie. Celle-ci exige la présence physique de toute la famille. Elle tient à me lire la lettre de retrait qu’elle a adressée au thérapeute. On y perçoit que la parole prend un tour persécuteur pour Mme M. J’ai soutenu vigoureusement sa décision. « Vous avez bien fait de vous retirer ; ce n’est pas bon pour vous ». Ceci reconnu, son passif avec la psychiatrie surgit : hospitalisée à l’âge de quatorze ans, elle a été renversée par un psychiatre inattentif. Entendons un avertissement. Le problème est la relation au père, déclare-t-elle. C’est tout à fait juste ; il ne faut surtout pas la confronter au Nom-du-père. À la fin de l’entretien, elle a du mal à me quitter. Nous la rassurons. Il faut un interlocuteur bienveillant à cette dame, l’aider à retrouver une solution et surtout pas la mettre abruptement face au réel de son histoire au risque de la renverser.

Secret de famille

Catherine, la trentaine, se plaint de son surpoids : presque cent kilos. Sa boulimie, installée à l’âge de dix-huit ans, résiste à tous les régimes. Un mécanisme pulsionnel la rive au garde-manger. Elle se remplit jusqu’à la « sensation d’ivresse ». Elle n’a jamais voulu d’une aide analytique mais elle se trouve à présent en butte au dégoût de son mari. Elle n’a plus aucune sexualité. Eu égard à l’ampleur de la tâche, je me montre réservé sur l’opportunité du CPCT. Je lui demande d’isoler un point plus accessible à un traitement court. Contre toute attente, elle lâche alors le fantasme qui éclaire plusieurs pans de sa vie : c’est la préférence absolue de la mère pour sa sœur qui la fait souffrir. Elle s’est toujours sentie rejetée par cette mère et a son idée sur la cause. Quand sa mère était enceinte d’elle, son père aurait eu une liaison avec sa grand-mère maternelle. Peu après sa naissance, sa mère a surpris entre eux un geste érotique furtif. La crise familiale a été recouverte par un non-dit définitif. Catherine a échafaudé, à partir ce bout de roman, le motif de la haine maternelle à son endroit. Elle paye pour la faute du père qui se traduit par un détournement de la jouissance. À ma remarque « Vous êtes la fille du père », elle sourit pour la première fois. Nous disons oui au traitement au vu de cette séquence qui signe l’entrée dans le travail. Le traitement est possible car le réel du corps peut supporter une supposition de savoir prête à s’incarner dans le CPCT. Que l’épisode soit vrai ou faux, le tabou fondateur de la famille vacille avec ses effets névrotiques.

Chaque situation de crise laisse apparaître un réel autour duquel la famille s’est constituée[3]. C’est le repérage vif de ce point qui nous sert de boussole à l’entrée au CPCT. C’est comme si l’évolution des mœurs désignée par le terme « démariage »[4] mettait à mal les semblants jusqu’aux plus robustes : la famille elle-même.

[1] Miller, J.-A, « Intuitions milanaises », Mental, n° 12, L’avenir de la psychose dans la civilisation, mai 2003, p. 24. [2] Maladie provoquée par un acte médical ou un médicament. [3] Cf. Vinciguerra, R.-P., « La psychanalyse à l’endroit des familles », La Cause freudienne, n° 65, février 2007, p. 82. [4] Théry, I., « Le démariage et la perte du symbolique », Bibliothèque Confluents, Bulletin de l’ACF IdF, juin 1995, p. 44-52.

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Quand l’équilibre se rompt

Les nouvelles formes de la famille opèrent des déplacements, des pluralisations, des décompositions qui peuvent rompre avec l’arrangement classique du noyau structural de la famille œdipienne. Une place est à faire à ce qui ne va pas pour des sujets singuliers dans leurs symptômes, considérés au un par un dans le malaise qui leur est spécifique. Le discours analytique porté au CPCT le permet. Tel est notre pari.

Le signifiant « crise » renvoie à un moment critique où les choses basculent. Nous la considérerons comme étant un des signifiants-maîtres de notre temps et comme une façon de nommer un réel. Cette conception permet d’envisager la crise sous un autre angle : non pas l’éviter mais la prendre pour un indice du réel que le sujet a à apprivoiser. Par le passage au CPCT, dont le temps court est inhérent au dispositif même, une coupure pourrait-elle advenir afin de libérer – un peu tout au moins – le sujet des prisons de sa jouissance[1] pour reprendre l’heureuse expression de Jacques-Alain Miller ?

Hanna : « un combiné de deux vies »

Hanna, trente-quatre ans, se présente à cette première rencontre de façon plutôt réservée et distante. Elle vit en couple avec son époux depuis quinze ans et est enceinte de quatre mois de son troisième enfant. Elle se dit « agitée » et « paralysée par des sentiments contradictoires ». Elle en livre la cause déterminante : depuis trois ans, elle entretient en parallèle une relation amoureuse et suivie avec une femme tout en ayant toujours du désir pour son mari, précise-t-elle. Hanna maintient un équilibre psychique avec ce qu’elle nomme un « combiné de deux vies », sa vie familiale avec son mari et ses enfants et sa relation à sa maîtresse. Ce choix impossible ne la divise aucunement. Elle s’accommode tout à fait de cet agencement familial. Hanna ne remet pas non plus en cause sa position sexuée : être hétérosexuelle ou homosexuelle n’est pas sa question. Bien au contraire, elle maintient jusqu’alors adroitement une certaine homéostasie de son choix de jouissance.

La crise qui la bouleverse advient sans crier gare. Hanna, « chargée » subjectivement, ressent « un manque » insupportable : sa maîtresse se montre de plus en plus distante à son égard. La rupture s’annoncerait : son amie est amoureuse d’une autre femme. Nous faisons l’hypothèse que la dimension d’identification imaginaire à son amoureuse qui la soutenait jusqu’alors vole en éclats. Reprenons la déclinaison logique du tryptique familial :

  • Elle aime son mari de qui elle attend un enfant tout à fait désiré.
  • Elle fréquente parallèlement et en secret une autre femme depuis trois ans.
  • Cette femme aime une autre femme et repousse sexuellement Hanna qui redoute fortement une rupture imminente.

Hanna et son amie ont un projet professionnel « commun » en cours. Nous intervenons : « C’est comme votre enfant à vous deux en quelque sorte » et levons la consultation par une décision d’entrée au CPCT.

Comment réaménager sa jouissance face à cet équilibre familial en crise ? Hanna aurait-elle jusque-là tenu dans sa famille grâce à la structuration œdipienne par des identifications conformistes à l’épouse et à la mère jusqu’à cette rencontre extra-conjugale ? Cette rupture amoureuse aurait-elle fait voler en éclats son équilibre psychique, ce qui la pousse à venir consulter au CPCT ? Pour Hanna, nous ferons l’hypothèse que le sentiment de vie est atteint par cette rupture amoureuse qui la confronte à « la faillite[2] » de l’amour comme l’indique Lacan en 75 en parlant du sujet psychotique. Cet habillage de « vies combinées » maintenait un rapport à l’imaginaire qui, se dénudant, la fait chavirer. Sa croyance au rapport sexuel et en La femme est démontée. La crise de la famille n’est que semblant, apparence. Dévoilerait-elle une faille plus à vif créée par ce véritable laissé en plan de l’aimée ? Son traitement au CPCT peut s’entrevoir comme une brèche dans ce nouveau temps qui surgit pour elle alors que l’équilibre imaginaire qui cadrait jusque-là son réel vacille. Hanna s’en saisira-t-elle ? Ici encore, seul le traitement ultérieur le prouvera.

Miser sur la singularité

Face à la loi symbolique traditionnelle de la famille, Hanna affirme sa singularité. Elle use des semblants conformistes des liens familiaux pour recouvrir un amour illimité et ravageant qui bouleverse son sentiment de vie. En cela, elle objecte au programme conformiste papa-maman-enfant. Elle nous enseigne que l’universel ne réglera jamais ces questions de familles en crise et que la jouissance, dans sa particularité la plus opaque, s’infiltre comme protestation contre l’idéal. À ce titre, Hanna ne nous indique-elle pas que la famille a son origine dans le malentendu et la rencontre impossible ? Mieux vaut alors ne pas reculer devant la crise, autre nom du réel.

[1] Miller J.-A., « Les prisons de la jouissance », la Cause freudienne, Paris, Navarin, septembre 2008, n° 69, p. 113-123. [2] Lacan J., « Conférences et entretiens dans les universités nord-américaines », Scilicet, n° 6/7, Paris, Seuil, 1976, p. 16.

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Tours et dessous de la demande au CPCT-Paris avec Hélène Bonnaud

Demande, pulsion et fantasme : diverses modalités de l’objet en psychanalyse, le thème des travaux de cette année au CPCT est ambitieux. Pour le concevoir, nous sommes partis de la pulsion. Et de cette phrase de Jacques-Alain Miller « la pulsion est une demande, une demande que l’on ne peut pas refuser […] c’est une exigence du corps »[1].

Quand J.-A. Miller trouve cette formule heureuse, il le fait en subvertissant une réplique célèbre du Parrain de Francis Ford Coppola : celui qui fait à ses ennemis des offres qu’ils ne peuvent pas refuser, c’est Vito Corleone, interprété par Marlon Brando. Difficile de refuser en effet quand on vous presse un révolver sur la tempe. La phrase agit dans le film comme une ritournelle, car après le père, Vito, c’est le fils, Michael, qui va faire des offres qu’on ne peut pas refuser. En tout état de cause, voilà une formule dont on peut se saisir pour évoquer la pulsion, cette exigence du corps.

Or le corps, c’est la question avec laquelle Lacan a, en partie, débuté. On songe notamment à son texte de 1949, « Le Stade du miroir comme formateur de la fonction du Je ». Avec ce texte, et l’invention du registre de l’imaginaire, Lacan est entré dans la psychanalyse. On l’a parfois oublié en raison de l’importance qu’il a donnée ensuite au registre du symbolique. Mais à la fin de son enseignement, Lacan a repris le corps en relation avec le registre du réel cette fois.

Ainsi, en centrant les travaux de cette année sur la pulsion, le CPCT-Paris propose, en quelque sorte, un retour aux fondamentaux de la psychanalyse.

Mais comme le rappelle la formule de J.-A. Miller, la pulsion est d’abord une demande. Le 6 décembre, nous avons évoqué la demande consciente, parlée. Le 14 mars, dans notre prochain rendez-vous consacré à la pulsion, il ne s’agira pas du tout de la même demande car la pulsion est la manifestation d’un « sujet acéphale », comme le dit Lacan. Et dans l’acéphalité, le sujet disparaît et sa demande comme demande parlée s’évanouit aussi.

Au CPCT-Paris, consultants et praticiens interrogent constamment ce concept de demande. Les cas cliniques et la table ronde organisés le 6 décembre furent l’occasion de le démontrer. La consultation, première mise en forme de la demande, est aussi, pour nombre de patients qui s’adressent au CPCT, le tout premier moment de rencontre avec le dispositif analytique. Or le fonctionnement très particulier du CPCT influe énormément sur les demandes qui lui sont adressées. Le cadre des seize séances, d’emblée, infléchit la cure ; le patient ne peut revisiter l’ensemble de sa vie au CPCT, il va aborder un point – ou deux – pour le traiter avec l’analyste. Comme nous l’a rappelé Hélène Bonnaud, Lacan, dans « La Direction de la cure », distinguait la demande implicite (être guéri, révélé à soi-même) d’une demande radicale, celle qui ouvre jusqu’au tréfonds de la première enfance, une demande « sans filet ». Comment, dans le cadre d’un traitement court, en seize séances, répondre à la demande qui nous est faite, et comment, surtout, ne pas tout ouvrir jusqu’au tréfonds de la première enfance ?

Par ailleurs, si aucun des cas ou vignettes présentés le 6 décembre n’abordait directement la question de la gratuité, celle-ci est constamment présente en coulisses. Certes, le traitement est gratuit, mais au CPCT, nous demandons quelque chose… et cela se manifeste notamment dans les cas où le patient consulte sur injonction thérapeutique.

L’après-midi du 6 décembre fut justement l’occasion de revenir sur ce qu’H. Bonnaud a appelé les « demandes indirectes », problématiques en soi car, pour se soigner, et encore plus pour s’analyser, il faut le vouloir. « Dans l’injonction thérapeutique, disait H. Bonnaud, il y a un Autre de la demande qui se détache du sujet. La question est de savoir si le sujet va la prendre à son compte, la subjectiver pour la faire sienne, ou pas ». Pour le dire autrement, si la demande indirecte « infantilise », elle « n’est pas une demande qui n’intéresse pas l’analyste. Elle est au contraire à entendre dans la façon dont elle est interprétée par le sujet qui s’en fait le destinataire ».

La psychanalyse d’enfants en est un autre exemple. « Là, l’injonction vient soit du monde scolaire ou éducatif et social, soit de la famille. L’enfant soumis à la demande d’un Autre ne peut parfois pas être sujet de sa demande. Les entretiens préliminaires permettent de saisir sa place et de repérer la façon dont la parole de l’enfant peut ou pas se saisir d’un signifiant qui le nomme, un S1 qui vient tout à coup le faire sujet de sa parole. »

La consultation serait donc l’instant de voir, une première rencontre avec un psychanalyste où s’exprime (ou non) une demande sur laquelle le consultant va parier pour le traitement. Car il s’agit bien d’une affaire de pari : pour le dire avec H. Bonnaud, « le principe de la consultation est de faire le pari sur le fait que la demande qui nous est faite va pouvoir opérer par le signifiant ». Pour autant, la demande exprimée en consultation n’est pas figée. Elle peut dévoiler un dessous. Car il y a des occasions où une demande se révèle, finalement, en cacher une autre.

Enfin, et surtout, la demande peut faire des tours. Pour nous aider à visualiser l’articulation de la demande (consciente) et du désir (inconscient), Lacan a employé le tore, une figure géométrique composée d’un tube courbe refermé sur lui-même.

À l’intérieur du tore circulent les objets de la demande. Et la demande, à la surface du tore, tourne autour de ces objets, s’efforce de les cerner. La boucle de la demande se répète, elle tourne. Et en tournant, elle avance. Progressivement, donc, la demande, en faisant des tours, en avançant comme une spirale, dessine un trou au centre du tore. Et c’est dans ce trou que Lacan va situer un autre objet qui n’est pas un objet de la demande. Il s’agit de l’objet a, l’objet cause du désir. Un objet dont on ne peut prendre la mesure qu’en faisant une analyse.

Certes, au CPCT, les patients ne font-ils pas une analyse. Pour autant, notre orientation y est analytique. Car nous parions que la demande du sujet peut, même dans un temps limité, celui de nos fameuses seize séances, se dévoiler et faire quelques tours.

[1] Miller J.-A., « L’économie de la jouissance », La Cause freudienne, Paris, Navarin, n° 77, mars 2011, p. 140.

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« J’ai le droit d’être reçue au CPCT»

Lorsqu’une personne arrive au CPCT, elle rencontre d’abord le consultant. C’est à celui-ci de décider s'il y a lieu de continuer les entretiens ou non. Nicole Borie nous présente un cas pour lequel elle dit non. Et elle ajoute : « Le temps nécessaire est à prendre pour trouver la meilleure issue. » Elle nous enseigne que ne pas donner suite à une demande adressée au CPCT doit tenir compte de la modalité de parole du sujet. Elle nous transmet une façon de faire qui se construit dans les rencontres avec le consultant. Elle n’énonce pas un non, mais élabore une issue qui, vous pourrez le lire, est encore une solution singulière.

Il arrive que nous rencontrions au CPCT une personne pour qui le dispositif ne convient pas. Le temps nécessaire est à prendre pour trouver la meilleure issue.

J’ai reçu cinq fois Lina, d’origine chilienne, à raison d’un rendez-vous tous les mois, voire toutes les six semaines. Venue en France pour y devenir professeur d’espagnol, « mise au chômage » contre son gré par l’éducation nationale, Lina rumine sa rancœur. Depuis quatre ans elle ne travaille plus, et l’année de stage et de formation qui a précédé son premier poste reste une source inépuisable de reproches. L’année suivante, l’annonce d’un cancer du sein condensera son combat. La médecine lui propose une mastectomie préventive de l’autre sein. Lina n’hésite pas et « demande » cette deuxième opération. Depuis, elle n’a de cesse d’exiger que l’on reconnaisse le dommage qui lui a été fait. Elle est bénéficiaire du RSA, mais elle se déclare toujours mise au chômage par la volonté mauvaise d’un Autre.

Le conseiller de Pôle emploi l’adresse au CPCT. Lina attend qu’il lui trouve un travail à la hauteur de ses compétences. Par ailleurs, Lina n’a aucun problème. Elle vit seule, a repris la course à pied le plus vite possible après l’opération. Elle ne s’ennuie jamais, ne se plaint de rien, pas même de douleurs physiques. Elle reconnaît qu’elle ne souffre d’aucune douleur physique suite à son opération.

Le même conseiller de Pôle emploi lui propose de déposer une demande d’AAH (Allocation aux Adultes Handicapés). Lorsqu’elle arrive au CPCT, elle vient d’être déboutée de sa première demande. Lina veut obtenir la fameuse carte d’invalidité qui est, pour elle, la marque minimale de reconnaissance de ce qu’on lui a fait et lui donnerait des droits et des priorités, en particulier de ne pas attendre dans les files d’attente. Lorsque je relève l’incertitude quant à la possibilité d’obtenir l’AAH, elle me toise et, avec une extrême déférence langagière, rétorque : « Madame, dans ce cas, je ferai appel à l’avocat de mon consulat ! » Je vois son effroi de ne pas être reconnue dans ses droits.

Elle m’entretient à chacune de nos rencontres de l’avancée de son dossier. Sa deuxième demande à la MDPH (Maison départementale des Personnes Handicapées) vient de partir ; elle m’a déjà demandé de très nombreuses fois quand elle aurait, non pas la réponse, mais l’accord.

Lina a été une bonne skieuse dans son pays. Elle a sans doute choisi Lyon pour la proximité des montagnes. Il a fallu les Jeux Olympiques d’hiver pour qu’une issue soit trouvée. Ce jour-là, elle parle des Jeux Olympiques qu’elle regarde intensivement à la télévision. Je lui fais remarquer que « l’expert, c’est elle », elle est d’accord. Alors, avec douceur, je fais le parallèle avec la demande à la MDPH et l’incompétence du CPCT à l’aider dans sa démarche pour obtenir l’AAH.

Nous nous sommes quittées de façon cordiale. Rassurée d’avoir pu utiliser le CPCT, puisque c’était son droit, Lina a pu partir, non sans avoir reconnu une certaine incapacité de notre structure. Ainsi pour cette raison, le CPCT n’était pas conseillé pour Lina.

Souvent, dans les premiers entretiens, nous déboutons un « j’ai le droit » pour le remplacer par un « c’est possible ». Pour cela il faut une question, si ce n’est une demande, que le sujet accepte de prendre à sa charge. Lina n’a pas le choix, l’absence de question subjective la pousse à une modalité de parole résolument revendicative.

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« J’ai un problème avec mon corps » – 7° Journée du CPCT Aquitaine

Intitulée « J’ai un problème avec mon corps », la 7e Journée du CPCT Aquitaine s’est déroulée le samedi 11 octobre dernier au château du Diable à Cenon, réunissant pour l’occasion plus de 215 participants de tous horizons. En ouverture, le Dr Delpech, adjoint au maire, témoigna de la confiance et de l’attente de la ville à l’égard du CPCT.

Philippe La Sagna, en sa qualité de président, précisa l’importance, dans la cité, de ce lieu d’accueil de la parole qu’est le CPCT : « À une époque où la qualité du lien social devient souvent le seul rempart contre la crise, voire la ségrégation, le discours analytique est devenu une composante essentielle de ce lien social et du lien à venir ».

En ce sens, si le travail du CPCT se noue au discours analytique, il y a cependant bien des manières pour celui-ci de prendre corps. Et justement, un des propos de Fouzia Liget, directrice du CPCT de Nantes, était de mettre en lumière un fonctionnement différent, en ce qui concerne la temporalité du travail de cartel qui n’intervient qu’en fin de traitement[1]. Elle a pu également évoquer sa pratique, à travers l’accueil de la parole d’un sujet en faisant déconsister l’idéal du signifiant « travail » auquel il était rivé, enserré.

Pas de corps parfait, pas d’idéal non plus, n’en déplaise au superman bodybuildé imprimé sur le programme de la journée. Les intervenants du CPCT Rive Droite et de Lien Social ont tenté de penser un petit bout de ce corps imparfait au travers de vignettes cliniques : être ou avoir un corps, le corps intouchable, celui de l’autre, le corps absent, et la place du corps de l’analyste. Ainsi, si chaque présentation signait un rapport au corps unique, un certain nombre de questions transversales ont émergé : quel est l’intérêt des séances courtes ? Comment se donner la chance d’attraper la question sur un point vif ? Quel accueil faire à l’énonciation du sujet ? S’agit-il d’interpréter le sens inconscient ainsi que le proposait Freud au début de sa pratique, ou bien de limiter la jouissance du sujet ? Par quoi l’acte de l’analyste est-il orienté ? Comment permettre à chacun de trouver une formule inédite pour être au monde ? C’est à cela que les intervenants ont tenté de répondre, pour penser ce que peut être la clinique lacanienne du corps au XXIe siècle dans la pratique singulière proposée au CPCT : à savoir des traitements psychanalytiques courts, gratuits, d’une quinzaine de séances.

Le CLAP, Centre de Consultations et Lieu d’Accueil Psychanalytique Petite Enfance, « nouvelle branche de l’arbuste CPCT » a, quant à lui, proposé un cas clinique à trois voix. Corps étrange, différent, puisqu’il propose un fonctionnement tout à fait original. En effet, il accueille parents et enfants jusqu’à l’âge de six ans, pour cinq à six consultations. La particularité tient au fait que les intervenants les reçoivent au même moment, mais avec la possibilité d’avoir accès à des pièces différentes selon qu’il s’agit de travailler ensemble ou bien d’aménager un espace individuel. La question du corps de la famille est donc traitée de façon surprenante puisque chacun, au loisir de ses jeux, mouvements, errances, peut s’en dissocier pour mieux y revenir à partir de sa place de sujet. Ainsi, au gré de ses va-et-vient, et pendant que ses parents étaient reçus, un jeune garçon a pu s’apaiser et se délester d’un certain nombre d’objets qui encombraient son corps.

Le corps médical était lui aussi invité en la présence de Charles Cazanave, praticien hospitalier en maladies infectieuses et tropicales au CHU de Bordeaux ; Julie Versapuech, dermatologue à Bordeaux ; Rémy Lestien, gynécologue et psychanalyste à Nantes. Leur pratique au cours de leurs rencontres médicales a posé la question délicate de la maladie en place de symptôme chez le sujet contemporain. Maux à mots, a été abordé la difficulté de dénouer le corset du savoir médical afin d’entendre aussi celui du patient. La meilleure prescription, a-t-il été ajouté, est parfois de ne pas soigner, de ne pas soulager la douleur mais d’entendre ce qui se joue, ce qui se jouit ailleurs.

Comment penser le corps à corps paradoxal de la prise en charge psychanalytique dans un espace médical puisque : « le pur acte scientifique rate toujours » ?

Le corps enseignant, enfin, n’a pas fait pas exception en la présence de Catherine Thomas, enseignante de la classe relais, et Éric Dignac, réalisateur, intervenant au sein de cette classe, venus nous présenter un court métrage d’une drôlerie doucement percutante, « Mutation nocturne », écrit et réalisé par les élèves. Leur travail a permis d’aborder comment, au travers de l’écriture d’un corps de texte, prennent forme sur la toile des adolescents se saisissant du cadre de la vidéo pour travailler différemment la question de leur place, de leur corps. Comment accueillir, comment faire avec l’agitation et la souffrance dont ils peuvent témoigner ? Les intervenants nous ont proposé quelques éléments de réponse, du « savoir-y-faire » qu’ils ont développé au contact de ces adolescents au fur et à mesure des années. Un travail d’une finesse et d’une pertinence remarquables.

Au final, le corps était donc bien présent, y compris pour le corps psychanalytique. Puisque en ce jour, nous portions tous, épinglé au corps sous forme de badge, en clin d’œil, le thème de la journée du CPCT : « j’ai un problème avec mon corps ». Intense, foisonnante en pratiques et expériences différentes, cette journée a fait trace, pas à pas, en déployant la richesse des solutions trouvées par chaque sujet pour faire « avec », dès lors qu’une place leur est donnée en tant que corps parlant.

[1] La formation des intervenants des trois CPCT comprend un travail de cartel, sous l’égide d’un Plus-un éclairé, qui permet de dérouler et de discuter chacun des cas rencontrés. À Bordeaux, il intervient en cours de traitement, une fois par mois environ, tandis qu’à Nantes, ce travail ne s’effectue qu’une fois le traitement terminé.

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J’ai un problème avec mon corps

Vers le Samedi 11 octobre, 7e Journée du CPCT Aquitaine, avec Dominique Jammet et Guillaume Roy, organisateurs de la journée « J’ai un problème avec mon corps »

La 7ème Journée du CPCT Aquitaine se tiendra le samedi 11 octobre au Château du Diable à Cenon. Son titre : « J’ai un problème avec mon corps ». Une phrase que chacun peut faire sienne tant le fait d’avoir un corps ne va pas de soi. C’est sur celles et ceux qui viennent adresser au CPCT une souffrance concernant leur corps que nous nous pencherons cette année.

L’enjeu de cette journée est de transmettre à un public large la clinique qui se constitue au sein des trois CPCT de l’agglomération bordelaise (CPCT- Ado, CPCT- Lien social et CLAP).

Vous l’avez compris, c’est une journée ouverte sur la cité. Nous avons donc choisi d’organiser deux événements. Le premier est une table ronde qui nous donnera l’occasion d’entendre trois médecins témoigner de comment ils s’arrangent avec l’énigme, quand le savoir médical ne leur permet pas de comprendre de quoi un patient souffre. Quelle place la psychanalyse occupe-t-elle alors pour eux ?

Le second événement sera la projection du court métrage Mutation nocturne, film réalisé l’an dernier dans la classe relais d’un collège de l’agglomération bordelaise primé à un festival de courts métrages. Une conversation aura lieu en présence de l’enseignante et du réalisateur et nous permettra de cerner comment le cinéma capte la représentation des corps et permet aux adolescents de jouer avec leurs peurs.

La journée du CPCT, c’est donc trois événements en un : clinique analytique, médecine et cinéma ! À samedi.

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