Des accidents et des maternités
Un sujet rencontre, au CPCT, un étayage enserrant à la fois le corps et le discours, le tenant à l’abri du réel envahissant.
Lire la suiteUn sujet rencontre, au CPCT, un étayage enserrant à la fois le corps et le discours, le tenant à l’abri du réel envahissant.
Lire la suite« Ça n’est plus possible » est la formule que Sia, lycéenne de 18 ans, adresse au CPCT à propos de ce qui l’handicape : sa timidité. Elle se sent parfois figée : « comme s’il y avait du froid, qu’on m’attrapait ». Ces phénomènes de corps qu’elle nomme blocages surviennent lorsqu’elle est exposée au regard de l’autre ; elle n’aime pas se faire remarquer. Sa timidité s’est exacerbée lorsque l’an passé, son petit ami l’a menacée de diffuser une vidéo de leur intimité. Elle s’est effondrée, confrontée au passage brutal de sa relation de couple au possible dévoilement du sexuel. Elle s’appuiera sur un proche pour mettre fin au chantage. Depuis, elle a une crainte qui se raccorde à une angoisse de répétition qui l’empêche d’envisager une nouvelle relation amoureuse.
La même année, Sia est l’objet de l’humour noir de deux copines qui rient méchamment d’elle et veulent la changer. Sia se sent à nouveau bloquée, sans répondant. Si elle s’énerve, son corps pourrait trembler et sa voix s’emporter. Son corps risque de lui échapper. Sia sollicite le consultant pour savoir comment s’y prendre avec l’autre. Elle trouvera ses solutions, en particulier « un regard noir » visant ses camarades.
Les blocages de Sia se dissipent à mi-chemin des consultations. De cet apaisement découle le constat qu’elle se pose trop de questions, ce qui est perceptible dans le déroulé d’une chaîne signifiante torrentielle qui nécessitait des interventions pour la border. L’excès de sens apparaît comme une tentative de traiter le réel qui la frappe. Le « trop » se localise également au niveau du corps, l’angoisse la fait gonfler. Elle se dépense alors pour s’affiner et gagner de l’assurance. Puis, elle a l’idée d’accrocher des photos de son visage, qu’elle trouve joli, sur le mur de sa chambre afin de se soutenir chaque jour d’une image aimable d’elle-même. Sia veut désormais plaire et rencontrer un garçon l’obsède. Elle se plaint de ne pas soutenir le regard des hommes dont elle se détourne. Ses questionnements à ce sujet la fatiguent : « Je voudrais être plus sereine ». La coupure de la séance sur ce dire aura un effet : elle est plus ouverte, parle davantage et le regard des hommes peut être soutenu. Le clin d’œil d’un garçon, brève soustraction du regard, viendra signer qu’elle plaît. Déguisée en bachelière lors d’un salon étudiant, un homme la trouve « trop belle » et la prend en photo. L’appareil fixe sa belle image.
Sia accorde une importance particulière aux métiers qui confèrent une bonne place. Perdue dans les calculs comptables, celle qui voulait travailler dans le domaine du crédit et du débit s’oriente dès lors vers la nutrition pour recevoir, aider à perdre et peser. Un déplacement métonymique s’opère du débit au régime, du comptable à la pesée. Sia espère que ce traitement de l’excès du côté de l’autre lui sera bénéfique. L’enjeu du traitement psychanalytique fut de soutenir les ébauches de solutions qui se dessinaient, lui permettant d’assurer son corps et de mettre au régime sa jouissance.
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