La passion de la cause qui a pris pour Bernard This la figure de l’origine, a constitué pour notre communauté de travail un indispensable ferment.
Le passage de l’École freudienne à l’École de la cause freudienne avait été pour beaucoup source de séparation et de déchirement mais il a su montrer la force d’un désir à l’œuvre, celui que Lacan avait si bien soutenu après Freud, celui du psychanalyste. Un tel désir est synonyme d’indépendance, de singularité, sans inféodation au groupe, nourri par le contact avec la pratique clinique et un goût de la recherche inépuisable. Aucun renoncement à ce qui avait conduit Bernard This à devenir médecin, mais une interprétation de cette pratique au service de ce qui fait la voie de chacun dès l’origine, à travers ce qu’il doit à celle qui l’a porté ou à celui qui en est le père.
En nous martelant l’origine étymologique des mots que nous utilisions, lors de nos rassemblements, il nous obligeait à nous défaire d’un jargon qui aurait pu rassurer ceux qui en s’agglutinant, autour d’une passion de l’ignorance, veulent faire groupe.
Par un petit mot, une petite remarque, il savait dire la confiance qu’il accordait à ses collègues pour mener à bien certains projets pour servir la psychanalyse. Depuis le début de l’ECF, un signe de Bernard This nous indiquait, au-delà de son apport épistémique, qu’une transmission de ce désir pour traiter les demandes qui nous sont adressées, est possible à travers les générations.
Ce fil là nous ne le lâcherons pas. Je souhaite transmettre à Claude This toute l’affection de ses collègues et lui dire combien leur présence, à Bernard et à elle, dans l’École a été essentielle pour nombre d’entre nous. Le communiqué de la Présidente de l’ECF sur les listes électroniques de l’ECF, Christiane Alberti, nous le rappelle.
Ce texte a été lu en hommage à Bernard This le 23 septembre, au Père-Lachaise.