Si le cœur politique de la psychanalyse est la condition pulsatile de l’inconscient, Freud a légué à ses successeurs une tâche, celle de ne jamais cesser d’interroger ce qu’est l’inconscient à chaque moment du malaise dans la civilisation. Lacan s’est mis dans les pas de cette discontinuité, celle de la faille mais aussi de la trouvaille allant jusqu’à la fin de sa vie, à s’en expliquer semaine après semaine dans son séminaire, à chercher à en formaliser des accroches inédites en structurant les nœuds borroméens.
Le XVe Congrès de la Nouvelle École Lacanienne de Psychanalyse en a présenté une approche rigoureuse et renouvelée à travers l’organisation dynamique précise et scandée des 29 et 30 avril : comment les formations de l’inconscient se construisent en variant tout au long d’une cure, en fonction de l’opération interprétative d’un analyste ?
Le samedi, c’est à travers quatre séries de tables rondes de cas longuement déployés et discutés que le matériel des formations de l’inconscient s’est déployé dans l’exposition de ses formes singulières. La première à partir du rêve fût scandée par la ponctuation de Sophie Marret-Maleval, sur l’ombilic du rêve, la deuxième sur les surprises de l’inconscient, scandé par Pierre-Gilles Guegen, …en passer par le déchiffrage, la troisième, sur les courts-circuits de l’inconscient, ponctuée par François Ansermet sur l’acte ou l’inconscient ? La quatrième l’interprétation produit l’inconscient, scandé par Philippe La Sagna : L’inconscient sait écrire.
Le vouloir jouir pulsionnel, crève en permanence l’écran des images, ça – trou de l’inconscient, du « non-réalisé – se faufile entre les mot ; la jouissance ne s’évoque, ne se troque que dans les surprises des failles, des équivoques, des ratés. Les mots qui blessent, les postures défensives, l’analysant s’essaye à en déchiffrer le chiffrage de jouissance, pas sans les ponctuations d’un analyste, les deux tissant, provoquant remaniement, déplacement, dissolution pour appareiller autrement la jouissance de corps dans le langage. Les parlêtres sont produits de la langue qui s’en jouit de manière variable.
Le dimanche, deux séries de conversations animées par Jacques-Alain Miller, ponctuées par 4 discutants. La première série sur l’impossible du rapport sexuel : le trou recouvert par l’imaginaire, et la femme fatale à elle-même ; la deuxième série, autour des cauchemars et de l’angoisse. Analyse longue, complexe, jouissances scénarisées en trio, dans des cauchemars, ce sujet y calcule une position qui risque toujours de disparaître : l’homme qui fond. Pour le dernier cas, le réel affleure, angoisse de mort précoce et la difficulté de construire un bord transférentiel qui barrerait la jouissance de la disparition.
Dernière séquence : la fulgurance des AE. Caroline Doucet : jouer de l’objet voix articulé à la cause analytique ; Fabian Fajnwaks : précarité de la langue et de l’analyste : haïkus ; Hélène Guilbaud : trou du rapport de ce qui ne s’écrit pas, dans la lecture équivoque de l’analyste ; Jérôme Lecaux : la haine comme reste, s’en extraire en la combattant ; Dalila Arpin : rire de son propre aveuglement ; Laurent Dupont : seul au bord du chemin, pas sans rire avec d’autres ; Dominique Holvoet : l’arracheur de temps : Daniel Pasqualin : l’abîme du cache-mire : s’en passer, s’en servir : Dominique Voruz : la chair vivante fait trou dans le savoir des concepts.