C’est un bien petit garçon qui arrive face à moi… Du haut de ses cinq ans, la démarche assurée, le regard brûlant, décidé à me montrer qui il est ! Insolent, le corps agité, c’est comme cela que se présente Paul. La mère évoque en séance les multiples doigts d’honneur qu’il adresse à qui veut bien le voir. C’est un réel problème, ou un problème bien réel dirions-nous avec Lacan.
« Ils ne veulent plus me parler. Mais je veux être le chef ! » dira Paul pour m’expliquer que ses copains refusent sa présence. Puisqu’il doit apprendre à faire avec les autres et que ces autres l’évincent, Paul s’entête, menace et provoque. Nous discutons de cette envie d’être le chef.
La séance suivante, il revient tout fier. Il dessine sa main sur une feuille, le majeur bien plus haut et bien plus grand que les autres. Il me regarde, dessine une bouche, des yeux, un nez sur ce doigt là… « C’est toi » me dit-il. Et il m’annonce qu’il n’a plus du tout fait ce geste de la semaine ! Je me retrouve donc sur la feuille. En guise d’interdit qu’il se représente, il dessine une croix rouge à côté et rajoute « c’est interdit ». Sur le dessin, le majeur représenté a le sourire…
Quelques séances plus tard, il dessine à nouveau. Je suis une nouvelle fois là pour lui sous la forme d’une taupe. « Tu fais des trous » me dit-il. Et il rajoute « j’ai cédé ma place de chef à un copain, c’est bien de ne pas toujours être le chef ». Effectivement, le transfert a permis que vienne se trouer pour ce petit garçon quelque chose de sa toute puissance.
Paul continue ses séances. Il est maintenant plus détendu. Il m’a offert une indication précieuse pour les mois à venir « quand je serais grand je viendrais te voir tout seul » !