Au théâtre, on le nomme « quatrième mur ». C’est un écran imaginaire tout autant que transparent entre la scène et la salle, celui que forment également les spectateurs, la multiplication de leurs paires d’yeux comme autant de regards scrutateurs, parfois impressionnants, à tenir à l’écart dans la tradition classique, mais qu’il peut aussi s’agir de franchir ou de briser en s’adressant directement au public, voire en jouant mêlé à lui.
Côté cour ou côté jardin, en simultanées comme en plénière, c’est bien un spectacle du regard qui se donnera à voir les 4 et 5 novembre 2016 au Palais des congrès. Et nous en avons interviewé ici les principaux acteurs, même si la troupe bien sûr n’est pas au complet, se tient dans l’ombre certes mais au travail. Et quel travail ! Derrière le rideau, vous pourrez en effet entrapercevoir comment depuis plusieurs mois déjà s’est enclenchée la machinerie des futures Journées avec ses innombrables poulies, ses rouages infimes et si précieux. En amont, la scène du Palais, l’accueil des participants, l’installation du décor qui n’est pas un décorum. Mais également la lecture des textes cliniques, le choix difficile des participants, la conversation nouée avec les têtes d’affiche de la plénière, l’attente de leur réponse, le suspens, les surprises et toutes les péripéties qui mènent au dénouement.
Pourtant, cette activité, ce fourmillement des coulisses ne serait pas sans celui qui se tient à l’arrière, non pas ce deus ex machina surgi du ciel pour résoudre l’intrigue en donnant la clef du thème mais l’objet cause, agalmatique, celui qui pousse notre communauté à lire, écrire, articuler théoriquement cet objet lacanien à notre modernité, s’engager, celui qui fait de chacun d’entre nous un acteur de ces journées. Cet objet invisible, qui ne cesse de nous échapper, nous manque ou se fait trop présent. C’est lui, l’objet regard, qu’il s’agira de cerner, de tenter de saisir dans les rets de nos exposés cliniques, dans la rencontre de nos corps tous en mouvement vers le beau Palais. Nul quatrième mur ici vous l’aurez saisi : acteurs et spectateurs, nous sommes tous concernés, regardés par cet objet du siècle, et c’est nous tous qui, emportés par le désir orienté et le travail titanesque de quelque uns, Laurent Dupont en tête, feront de ces Journées une fenêtre sur l’invisible.