Se hâter ! se hâter ! témoignage pour l’homme ![1]
Chers lecteurs, croquez cette madeleine : vous souvenez vous du film, hilarant, Le fantôme de la liberté de Luis Buñuel ? Une scène, digne des meilleurs contes d’Alphonse Allais reste en moi gravée : l’un des personnages, un certain Legendre, vient d’apprendre qu’il a un cancer, mais s’inquiète surtout de la disparition de sa fillette. Où est-elle donc passée ? Les recherches s’organisent au commissariat ; la fillette rentre vite à bon port. Mais… Vive l’automaton ! Un service de recherches, ça recherche. Au Bureau des plaintes il est requis de se plaindre ! Les commissaires feront donc ici le job : ils interrogent la petite disparue, présente, présente et bien là ! Devant eux.
Si cette scène m’est revenue, c’est que j’ai récemment entendu ces plaintes, et de nouveau : « Ce qui m’ennuie avec ton Hebdo-Blog c’est que vous avez des chiffres très compliqués ! Tu ne pourrais pas les changer ? » Rappelons-le, mais l’avons-nous clairement fait savoir ? L’Hebdo-Blog de l’ECF & ACF & CPCT est depuis des mois, comme la fillette évoquée… bien là ! accessible à tous, sans code. Seuls les cas cliniques restent réservés aux abonnés.
Nous arrivons à présent au terme de notre mandat, après avoir pris nos fonctions en février 2014 pour faire paraître notre premier numéro de ce qui était encore La Lettre mensuelle, version numérique pdf en ligne, en mars 2014.
Nous avions souligné la cause, double, de la LM : lieu et lien. Lieu privilégié d’adresse de textes produits par les membres de l’ECF, de l’ACF et des CPCT, et lien entre leurs membres et avec les auteurs. Nous avons veillé à ce que ces nouages s’affermissent avec L’Hebdo-Blog dont l’accélération du rythme nécessita immédiatement réactivité, rapidité et rigueur.
Il fallait des textes concis, oui ! Mais nous avons aussi souhaité poursuivre la publication de textes de fond, en sollicitant des auteurs sur des thèmes précis. Il nous fut aussi impérieux de nous adapter aux pulsations inédites de notre communauté qui, avant tout, est… communauté de désir. Délicatesse et justesse de ton furent donc de mise et requises ! Car servir l’École de la Cause du désir ne consiste-t-il pas, entre autres missions impossibles, à témoigner au plus près de cet « inconscient qui avait surgi avec Freud, un inconscient très rusé, petit démon qui toujours échappe, qui tantôt fait rire, tantôt apparaît comme cauchemar, qui met en contact l’expérience analytique avec la création, la littérature […] »[2]?
Nous avons voulu que L’Hebdo-Blog puisse être un véritable outil de travail pour notre communauté ECF& ACF et CPCT. Il nous fallut pour ce faire créer de nouveaux maillages et des réseaux toujours de plus en plus petits et serrés, afin que les ACF pensent à nous adresser leurs textes.
Nous avons fait route en poursuivant la publication de dossiers qui ont accompagné pour la plupart les grands événements de l’École, de l’AMP, du Champ freudien. La rubrique consacrée aux CPCT a recueilli de son côté des textes rédigés toujours avec sérieux sur des cas dont la singularité est, à chaque fois, manifeste. Nous avons cependant eu à insister sur ce point, comme avec la rubrique ACF : nécessité de prudence accrue concernant la diffusion des cas issus de cette clinique, accent mis sur l’effort de concision, de transmission du détail inédit.
Je tiens à remercier tous les collègues qui ont accepté de mener à bien cette tâche avec moi. Ils ont, chacun, œuvré à la bonne tenue de la revue avec rigueur et enthousiasme, et cela dans une draconienne ponctualité.
Je remercie Patricia Bosquin-Caroz de la responsabilité qu’elle m’a confiée pendant ces deux années et de son attention constante, indéfectible.
« L’esprit de la psychanalyse souffle où il veut… »[3] put dire Jacques-Alain Miller à Horacio Etchegoyen en 1997.
Nul doute que la nouvelle équipe de l’Hebdo-Blog soufflera ce vif esprit, ces vents nouveaux, attendus par nous tous pour 2016.
[1] Saint-John Perse, Vents suivi de Chronique, Paris, nrf, Poésie Gallimard, janvier 2002, p. 56.
[2] Etchegoyen R. Horacio et Miller J.-A, Silence brisé, Paris, Agalma, diffusion Seuil, 1997, p. 66.
[3] Ibid, p. 66.