Sur l’Île de la Réunion, la psychanalyse se pratique et s’affirme de l’orientation lacanienne. Une activité intense s’y est déployée il y a quelques jours, ponctuée par une journée sur le thème « le sujet psychotique en institution ».
L’Hebdo-Blog a posé deux questions à Stéphanie Tessier (1) et Fatiha Belghomari (2).
1) Le choix du thème a-t-il été guidé par l’implantation actuelle de la psychanalyse sur l’île de la Réunion ou au contraire vise t il son extension ?
Le choix du thème est la prolongation d’un travail amorcé en direction d’institutions depuis mai 2014. Beaucoup de participants réguliers aux activités de notre ACF travaillent en institutions et y essaiment la psychanalyse. Récemment, des directeurs d’institutions ont interpellé l’ACF La-Réunion avec cette question : comment faire valoir une clinique du sujet à l’heure où les méthodes comportementalistes leur sont imposées ? Une nouvelle activité de l’ACF est née : un atelier « Vivre, penser, écrire son institution avec la psychanalyse ? » réunira mensuellement des professionnels qui ont le désir de travailler une question, un point de butée de leur pratique, qu’ils œuvrent dans le social, le médical, le médico-social… Ces rencontres auront lieu dans une institution.
La venue de Jean-Pierre Rouillon a été l’occasion de tirer plusieurs fils à partir de la clinique, pour une pratique orientée. Ces journées ne visaient pas à proprement parler la psychanalyse en extension, mais en sont peut-être l’effet.
2) Quel élément, si il n’y en avait qu’un, fut le point marquant de cet événement?
Le « un par un » et l’entreprise.
Les liens entre la psychanalyse et l’institution ont été déclinés de plusieurs façons : les uns à partir de l’exercice clinique des professionnels, les autres au regard de leur position de gestionnaire d’établissements, autour de la question suivante : quelle est l’articulation à opérer entre la pratique du « un par un » et la logique de l’entreprise ?
Certains participants ont témoigné de leur souci de maintenir présente la psychanalyse en institution, voire de l’y inclure, tandis que d’autres ont fait part de leur pratique du « un par un » orientée par la psychanalyse lacanienne, soit à partir du désir de chaque « un ». J-P. Rouillon a relevé un point nodal : pour la psychanalyse, le désir est un désir inconscient et, à ce titre, le désir de l’analyste est aussi en jeu dans l’entreprise. Il a alors souligné ceci : l’exercice de la psychanalyse ne coûte rien à la Sécurité Sociale et les recommandations de la HAS n’interdisent pas sa pratique dans les institutions. Alors pourquoi tant d’acharnement à la voir disparaître ? Éradiquer la psychanalyse, n’est-ce pas faire disparaître le sujet ?