Que devient la névrose lorsque l’autorité du pater familias fait faillite et que l’institution familiale en est totalement transformée ? Pour Freud, la genèse des névroses est soudée à l’Œdipe et prend pour référence la figure d’un père qui peut s’appuyer fermement sur son autorité. Avec la disparition de l’Œdipe freudien, quelles nouvelles formes de névrose rencontrons-nous dans l’actualité ?
Dans les années 1950, la métaphore paternelle permet à Lacan de donner au désir de la mère la signification du phallus avec le Nom-du-Père. Cela rend possible une inscription de la jouissance dans la langue. Sa présence donne son efficacité à la structure de la névrose.
Lacan représente dans son dernier enseignement la structure du sujet par une topologie de chaînes où les trois registres RSI se nouent. Lorsque le nœud ne tient pas, un quatrième élément – le sinthome – supporte la structure, le Nom-du-Père faisant fonction de sinthome. Lacan relève l’au-delà du Nom-du-Père avec sa pluralisation ainsi qu’une autre version du père appelée père-version. Les nouvelles formes symptomatiques qui font tenir les registres RSI donnent les nouveaux sinthomes, ceux de notre temps. Aussi lorsque le nœud bo tient seul, le Nom-du-Père est « superfétatoire1 ». La jouissance peut être tempérée et régulée lorsqu’elle est saisie par le sens sans avoir besoin de passer par l’amour du père ni par le Nom-du-Père.
Jacques-Alain Miller lors du colloque Les diagnostics dans la pratique2, nous invite à penser les névroses dans le contexte civilisationnel de l’époque à partir d’un principe régulateur de la jouissance qui serait au-delà du Nom-du-Père.
Les trois textes de ce numéro analysent une certaine actualité clinique des névroses hystériques et obsessionnelles en se passant du Père freudien et du primat du Nom-du-Père.
Marga Auré
[1] Miller J.-A., « Notice de fil en aiguille », Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 240.
[2] Uforca 2024 à Paris.