L’été approche. Les jeux olympiques arrivent dans peu de temps. Et, dans ce contexte, l’équipe de L’Hebdo-Blog a voulu mettre l’accent sur le corps du parlêtre. Ce corps dont l’image, la performance, le mouvement sont au cœur du monde contemporain. En effet, le corps fascine. Le parlêtre adore son corps parce qu’il croit qu’il l’a, dit Lacan.
Pourtant, le corps n’est-il pas animé dans le sens d’un trifouillement, d’un chatouillis, d’un grattage, d’une fureur ? L’Autre, c’est le corps, comme le formule Lacan vers la fin de son enseignement. Au-delà de sa belle image, le corps comporte quelque chose d’inquiétant qui met à mal l’idée qu’il nous appartient et qu’on le maîtrise : c’est bien dans celui-ci que se loge l’événement de corps, désignant les événements de discours qui ont laissé des traces dans le « corps qui se jouit ». Nous avons un rapport d’étrangeté avec lui, il n’est pas une évidence ni une donnée première. Voici en quoi il est pour chacun une énigme. Ce qui fait tenir l’image, c’est un reste. Sous l’habit, ce « que nous appelons le corps, ce n’est peut-être que ce reste [que Lacan appelle] l’objet a1 ».
Le corps du parlêtre peut foutre le camp à tout instant. Nouage sur mesure des registres Réel-Symbolique-Imaginaire, si l’idée de soi comme corps, l’ego, a un poids, ne sommes-nous pas en droit de nous demander ce qui fait tenir un corps ? Qu’est-ce qui fait tenir le corps des sportifs de haut niveau, là où il est question d’aller « toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort » ? Qu’en est-il du corps chez le sujet qui se rêve délivré de sa pesanteur ? Quid aussi de la séance analytique en présence des corps entre l’analyste et l’analysant ? Le psychanalyste n’est que ce qu’il fait. Dans ce numéro, nous découvrirons des textes vifs et actuels sur ce corps qu’on a.
Bonne lecture à tous.
Adriana Campos & Françoise Haccoun
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 12.